Est-ce parce qu'il est Camerounais qu'il devrait nécessairement consacrer ses publications à son pays ? « Non » estime Charles Onana pour qui, le Cameroun regorge assez d'intelligences capables de dénoncer les dérives que connaît le pays. Vendredi, 10 septembre dernier, c'est une conférence particulièrement courue par le public de la ville de Yaoundé que Charles Onana, journaliste et essayiste franco-camerounais s'étant illustré ces 10 dernières années par ses enquêtes sur le Rwanda et les conflits dans les Grands Lacs, a donné à l'hôtel Djeuga Palace.
C'était l'occasion, 14 ans après son dernier passage au Cameroun, de donner sa première conférence dans son pays d'origine, mais aussi en Afrique. Et si à l'occasion, ses capacités d'orateur lui ont permis de convaincre un public d'ailleurs entièrement acquis à sa cause, il n'a pas manqué de fustiger les intérêts des puissances occidentales et leurs implications dans le conflit des Grandes Lacs ; il a «dépecé» la «stratégie», mise sur pied par ces puissances afin de déstabiliser la zone Afrique Centrale à travers le Rwanda. Interrogé sur ses motivations et la hargne qu'il met à dénoncer le régime Kagamé (qui lui a collé un procès en 2002 avant de retirer sa plainte), il se défend : «J'ai toujours dit que si c'était le président Kagamé qui avait été victime d'un attentat, le 6 avril 1994, j'aurais fait exactement la même enquête. Quand je commençais mon enquête, je ne savais pas que c'était le président Kagamé qui était responsable de cela. Dans cette histoire, je suis tout simplement attaché à ce que les Africains comprennent qu'il ne faut pas sous-estimer ce qui est en train de se passer.», confiait-il dans ces mêmes colonnes. Alors que ce sont ses écrits, parfois polémiques, sur le Rwanda qui passionnent le plus, le fils de Colette Enyegue, présidente du comité de base de l'Ofrdpc de Melen VI à Yaoundé, s'est également illustré par son travail pionnier sur l'histoire des Tirailleurs africains de l'armée française pendant la Seconde guerre mondiale. Ici, il s'est activé à mettre en lumière le rôle et l'action des soldats africains pendant la Seconde Guerre mondiale et à dénoncer l'injustice de pensions dont ils sont victimes par rapport à leurs camarades de combat métropolitains. A ce propos, il confiait : «Si les Africains interviennent dans l'histoire, ils ont le droit et l'obligation d'intervenir dans l'histoire de leur continent. Ils ont d'autant plus de responsabilités que les livres qui sont étudiés en Afrique sont faits par des gens qui n'ont pas intérêt à ce que les Africains apprennent cette histoire. Il leur appartient à eux de faire un travail de rectification intellectuelle, de correction intellectuelle, pour permettre à tout le monde d'accéder aux faits qui ont façonné la force, l'honneur et la dignité de l'Afrique, et si les Africains ne le font pas, personne ne le fera.» En 1999, alors qu'il dirigeait l'Organisation panafricaine des journalistes indépendants, il mena une enquête sur l'assassinat du journaliste burkinabé Norbert Zongo qui a d'ailleurs paru sous la forme d'un livre : «Crime d'Etat contre un journaliste» dans la collection Secrets d'Etat aux éditions Duboiris. Cette maison d'édition installée au Quartier Latin non loin de l'université La Sorbonne à Paris qu'il a créée en 2003. Lobby Pendant que ses écrits et déclarations sur le génocide rwandais embarrassent le gouvernement français, celui qui est né le 18 février 1964 à la maternité principale de Yaoundé, a fait ses études primaires au «Sacré cœur de Mokolo» et au lycée d'Obala (il y a obtenu son Bepc) puis au collège Madeleine où il obtint son baccalauréat en 1984 avant se s'envoler deux ans plus tard pour la France, a été «adopté» par de grosses têtes de classe intellectuelle française. Parmi celles-ci ; Erik Orsenna, romancier et académicien français, le journaliste et écrivain français Pierre Péan avec qui il prépare la sortie imminente d'un livre sur le Darfour, mais aussi Gilles Perrault, auteur de nombreuses enquêtes à succès dont notamment « Pull over rouge ». Alors qu'il est suspecté d'appartenir à un lobby monté de toutes pièces pour déstabiliser le régime de Paul Kagamé, un de ses proches de confier : «son rapprochement de ces écrivains français a permis qu'il soit regardé autrement. Désormais, je ne pense pas que l'on doive craindre pour sa sécurité, vu que désormais, les services secrets français ont l'obligation de veiller sur lui car, ils auraient à s'expliquer en cas de pépin». Le concerné réplique pour sa part: «j'ai des amis et je n'ai pas besoin d'être soutenu. Mes ouvrages se vendent et me donnent une assiette financière convenable». Quoique dans les milieux informés en Afrique et en Occident, ses écrits sur la question font autorité, ses déclarations ne sont pas toujours au goût de tout le monde. Parmi ses pourfendeurs de toujours, l'Ong française Survie que l'on dit proche du président Kagamé et dirigée par veuve Mitterrand. Alors qu'en 2004, le journaliste de Libération Christophe Ayad présentait dans un article, Charles Onana et le québécois Robin Philpot avec qui il a collaboré, comme des «auteurs négationnistes», en prélude à une conférence sur «Les Droits de l'Homme dans la Région des Grands Lacs» donnée par Charles Onana et Pierre Péan à Nantes en 2009, l'Ong Survie a, dans un communiqué publié le 05 novembre, avait souhaité réagir face au choix de ces conférenciers qui ne « semblaient pas réunir les conditions d'impartialité et de droiture qui conviendraient à ce sujet. Nous remettons en cause l'impartialité des travaux réalisés par ces invités dans leur approche du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 et les guerres qui ont suivi dans la sous-région». Par ailleurs, Alain Gauthier, président du Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda dont la femme est rwandaise, présente l'auteur de «Ces tueurs Tutsi, au cœur de la tragédie congolaise» comme un «révisionniste» du génocide rwandais. Dans une correspondance adressée, en 2002 à Xavier Villepin, alors président de la commission des Affaires étrangères au Sénat français, il affirmait : «Monsieur Onana oublie que le génocide des Tutsi a commencé depuis plus de trente ans ! Et de terminer par une harangue des Rwandais à prendre leur avenir en mains, tout cela avec des accents dignes d'un tribun sûr de lui. Devant une assemblée toute gagnée à sa cause, cela ne peut qu'avoir des effets ravageurs.» Des attaques qui ne semblent pas perturber le calme légendaire de Charles Onana que lui reconnaît sa mère.
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Source: quotidiensmutations.infos - Dorine Ekwè
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