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Pourquoi Fela reste incontournable
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slateafrique.com - Pierre cherruau
Quinze ans après sa disparition, Fela reste un artiste incontournable. L'esprit du père de l'afrobeat flotte toujours sur Lagos.
     Date de publication: 26-08-2012   07:53:40
Quinze ans déjà que Fela est mort. Le père de l’afrobeat s’est éteint un petit matin d’août 1997. Le 2 août. Combien de Nigérians n’ont pas voulu croire à sa mort? Combien d’entre eux n’y croient toujours pas? Tous les amoureux de sa musique. Tous ceux que sa trajectoire d’homme libre a fascinés. Le New York Times l’a élu «Africain le plus important du XXe siècle» dans le domaine culturel. Selon la famille de Fela, un musée à sa gloire pourrait bien ouvrir dans sa maison familiale à Lagos.

Initiée à New York, Fela!, la comédie musicale consacrée à l’histoire de sa vie connaît un succès retentissant à travers le monde. Sa musique frénétique, sa voix hypnotique, ses solos de saxo énervés, épileptiques, névrotiques enfièvrent toujours les rues de Lagos, la capitale économique du Nigeria, la ville où il a vécu l’essentiel de sa vie tourmentée.

Quinze ans déjà que le maître Fela nous a quittés et pourtant, j’ai toujours l’impression qu’il est là, à nos côtés. Un petit sourire goguenard au coin des lèvres. Celui d’un homme libre qui se moque des conventions. De celles de l’Afrique, comme de celles du monde occidental.

Aujourd’hui, le combat de Fela peut sembler lointain. Avec sa musique il affrontait le régime militaire. Le «Black president» en voulait particulièrement au général Olusegun Obasanjo qu’il accusait d’avoir tué sa mère en la faisant défenestrer. La mère de Fela était une grande poétesse yorouba.
1. La «democrazy»
 
Fela dénonçait aussi la fausse démocratie qu’il appelait avec dérision la «democrazy». Il y a quinze ans, il combattait le régime terrifiant de Sani Abacha. Dictateur qui ne quittait jamais ses lunettes noires. Despote particulièrement féroce, Abacha avait notamment fait pendre l’écrivain Ken Saro Wiwa. Peu de Nigérians osaient s’opposer ouvertement à Sani Abacha. Jusqu’à ce que des prostituées libanaises l’empoisonnent sur ordre de mystérieux commanditaires. Abacha aura vécu à peine un an de plus que son ennemi poète.

Fela était profondément attaché à la culture yorouba, sa grande inspiratrice. Sa maison à Lagos était devenue la «République de Kalakuta». Là il vivait avec sa «trentaine d’épouses». Afin de rencontrer le «roi Fela» il fallait demander une audience. Lors de son passage à Lagos, l’écrivain français Bernard-Henri Levy s’était étonné d’avoir été contraint à une attente de plusieurs heures. Mais il s’agissait du lot commun.
2. Dans la «République de Kalakuta»
 
Le «roi Fela» m’avait accordé une audience à 16 heures. Mais c’était pour la forme. Il n’avait pas l’habitude de recevoir en pleine journée. J’ai donc passé l’après-midi en compagnie de ses femmes. Assis dans le salon, j’ai pu constater que la «République de Kalakuta» était des plus accueillantes.

Combien de Nigérians ai-je vus défiler dans le salon? Une centaine peut-être, en quelques heures. Personne ne demandait aux visiteurs d’où ils venaient et ce qu’ils venaient faire. La porte était grande ouverte. A l’africaine. Seule une place restée hors d’atteinte. Le tabouret surélevé, réservé au roi. A Fela himself. Ses femmes m’avaient bien dit qu’il ne fallait s’y asseoir sous aucun prétexte.

La maison était toujours vibrante. Des habitants du quartier venaient s’alimenter en herbe. Femi, l’un des employés de Fela me faisait faire le tour de la vaste demeure.

«J’ai très rarement le droit de rentrer chez moi. Je dois être là en permanence pour organiser l’emploi du temps des femmes de Fela. S’il veut que Stella et Joyce soient prêtes pour aller dans sa chambre de 15h à 17h, il faut que j’organise tout. Pour être sûr qu’elles seront bien au rendez-vous et ainsi de suite. Il faut organiser des rotations. Fela a un grand appétit.»

Les femmes plus âgées étaient chargées de la vente de l’herbe et de la cuisine.
3. Roi de nuit
 
Femi m’a montré la chambre de Fela. Mais de loin, c’était la seule pièce inaccessible dans sa vaste villa. Surveillée en permanence.

«C’est là que Fela passe l’essentiel de ses journées, il ne sort que la nuit», m’expliqua Femi.

La nouvelle n’avait rien de très rassurant pour moi. L’attente allait être longue. Même si les femmes de Fela m’offraient des bières nigérianes, des Gulder, à la saveur si amère. Des brunes aussi amères que la saveur des nuits fauves de Lagos. D’autant qu’une coupure de courant nous forçait à nous éclairer à la bougie.

Dans ses chansons, Fela moque le sigle de la compagnie d’électricité nigériane. Dans sa bouche, la «NEPA» (National electric power authority) est devenue «Never expect power again».

Fallait-il encore croire à la venue de Fela? La bière, la nuit, l’odeur de l’herbe, l’odeur de sueur froide, je ne savais plus où j’en étais. Et puis, j’ai vu surgir de «nulle part», un homme à la calvitie naissante. Pas très grand. Mince. Très mince. Pour tout vêtement, il portait un slip blanc. Sa marche était éclairée par un énorme pétard. Je n’en avais jamais vu d’aussi volumineux.

Le visiteur du soir était escorté par deux jeunes femmes. Il s’est assis sur son tabouret en bois. Chacune des femmes s’est assise à ses côtés.

Il m’a longuement regardé en fumant son pétard. Pendant qu’il m’observait avec un sourire rusé, chacune des femmes lui prodiguait des caresses sur le torse. Comment engager la conversation? Il est toujours plus difficile d’interviewer quelqu’un qui se fait caresser. C’est mauvais pour la concentration de l’intervieweur. Ce genre de pratique devrait être interdite par les chartes de la profession. Mais Fela s’intéresse-t-il aux règles? Sinon pour les contourner?
4. «Vous ne serez plus jamais le même»
 
Pourtant, l’espace d’un instant il reprend son accent oxfordien, celui qu’il a acquis pendant ses études dans les meilleures écoles anglaises. Il me demande pourquoi je n’ai pas apporté de dictaphone.


«Tout ce que je vais raconter, va changer fondamentalement votre vie. Vous ne serez plus jamais le même après. Alors il faut enregistrer.»

Je lui explique que je peux très bien prendre des notes. J’ai tout ce qu’il faut. Je suis bien équipé. Plusieurs carnets. Des stylos en pagaille. Mais Fela se montre intraitable. Il finit par lâcher un impitoyable.

«Non, mon ami, vous devez partir. Cheerio (au revoir). Cherruau!»

Il répète une dizaine de fois l’insupportable «Cheerio. Cherruau». Je refuse de me lever. Le petit jeu de Fela dure une bonne demi-heure. Après tout, il a tout son temps. Rien ne presse, un bon joint à fumer et des mains alertes pour le caresser. Le roi est tout à son aise.

Ma situation est nettement moins confortable. Mais bon, je n’ai pas attendu aussi longtemps pour en rester là. Et puis Fela commence à parler. Un flot de mots et d’idées. Des fulgurances. Un regard très critique sur la démocratie à l’Africaine. Sur l’influence occidentale sur le continent. La democrazy. Les généraux qui veulent asservir le peuple. Sa musique, l’afrobeat. Immortelle. Forcément, comme lui.
5. A la vie éternelle
 
Fela ne croit pas à la mort. En tout cas, pas pour lui. Son ami et parent Wolé Soyinka, prix Nobel de littérature qui a eu le père de Fela comme instituteur à Abeokuta, m’a avoué un jour:

«Fela, mon petit frère a fini par se croire immortel.»

Le Sida dont les «blancs», les «oyibos» font tant de cas, Fela ne voulait pas s’en soucier. Il voulait continuer à jouir de ses femmes, de sa liberté, sans se poser trop de questions. Il était libre, immortel, célèbre que pouvait-il demander de plus à la vie? A la vie éternelle.

Les sales rumeurs sur un de ses employés qu’il aurait battu à mort, Fela ne voulait pas en entendre parler. Il était le roi. Et pour lui le roi avait tous les droits sur ses sujets. A commencer par le droit de vie et de mort.

La pensée de Fela est-elle surannée? Certainement. Faut-il voir en lui un saint? Certainement pas. Lors de ses tournées parisiennes, il était capable de faire venir à grands frais des prostituées de Londres pour la nuit, alors que dans le même temps ses musiciens avaient du mal à joindre les deux bouts.
6. Libertaire pour lui, féodal pour les autres
 
Il y avait du féodal chez Fela. Il est libertaire pour lui même. Et féodal pour les autres. Un modèle somme tout assez répandu, notamment au Nigeria. Où il ne fait pas bon être du mauvais côté de la barrière sociale.

La nuit s’avance. Fela me fait une proposition étonnante. Il m’explique avec exaltation:

«Je sens une grande force en toi. Un grand potentiel. Il faut que tu fasses une cérémonie initiatique avec moi.»

Une cérémonie vaudoue à 4 heures du matin. Je ne le sens pas trop. Jusqu’où doit aller l’empathie entre l’interviewer et l’interviewé. Fela possède la réputation d’être très généreux avec ses invités. D’aller jusqu’à leur offrir ses femmes.

Je dis à Fela que je suis fatigué. Je dis la vérité. Je suis étourdi par sa conversation et par les odeurs d’herbe. Les bières. La chaleur. Cheerio. Cherruau. Cette fois, c’est moi qui le dis. J’aurai au moins eu le privilège d’avoir le dernier mot. La liberté de choisir le moment des adieux.
7. Double descendance
 
Je ne reverrai jamais Fela. Quelques mois plus tard, il sera mort (Fela Kudi est mort en 1997 à l'âge 58 ans, ndlr). Cette mort, à laquelle, il refusait de croire. Elle l’a bel et bien rattrapé. Elle l’a émacié. Lui l’athlète infatigable. Elle lui a enlevé jusqu’au dernier souffle de vie, de voix.

Pourtant, cette mort je n’y crois pas davantage que lui. Presque chaque jour, j’entends «Water no get ennemy». Cette chanson superbe de poésie où il raconte que l’eau n’a pas d’ennemi parce que personne ne peut la saisir à pleines mains. La mort a-t-elle pu saisir à pleines mains Fela? Je n’arrive pas à y croire.

J’y crois d’autant moins quand j’assiste à un concert de son fils Femi. Plus Femi prend de l’âge et plus j’ai l’impression de voir Fela. Un jour dans la chambre d’hôtel de Femi, j’ai l’impression de voir une photo de son père. Je m’approche. Non c’est Femi mais désormais ils se ressemblent tant qu’il est impossible de faire la différence.

Seun, l’autre fils de Fela devenu chanteur, offre aussi un miroir troublant de son père. Plus jeune que Femi, moins sage, il a hérité de sa violence créatrice de son père. Les deux frères s’aiment-ils?

«Comment aimer son double? Celui qui nous donne l’impression de ne jamais être tout à fait nous-mêmes», me dira un jour l’un d’eux.

Avec eux, l’afrobeat est plus que jamais vivante. Parfois, si je parle de Fela, des gens me disent «Qui ça?». Alors je dis le père de Femi Kuti: «Ah d’accord!».
8. Lagos ne dort jamais
 
Plus encore que les fils, c’est Lagos qui perpétue l’œuvre de Fela, l’homme qui l’a le mieux chanté. Lagos n’a pas changé. La musique de Fela reste plus que jamais sa meilleure bande-son. Dans les stades du Nigeria, les policiers continuent de frapper la foule avec de grands fouets qui n’ayant rien à envier à ceux des jeux romains de l’antiquité.

Un esprit énervé et libertaire flotte toujours sur la plus grande ville d’Afrique. Un esprit qu’aucun dictateur ou mauvais génie n’a jamais réussi à capturer, à enfermer dans une bouteille. A Lagos, Fela est toujours là, bien vivant. Il vibre.

Sa musique se répand dans l’air. Sur la lagune, dans la ville d’eau, son esprit flotte. Fela, tu avais raison de te croire immortel. Il faut dire, enfin dire la vérité à Wolé Soyinka. Lui annoncer la bonne nouvelle. Tu courais trop vite, la mort ne t’a jamais rattrapé: water no get ennemy.

Fela Kuti à LAgos en 1988 © Staff/AFP
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