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Comment Paul Biya profite de l’image de Chantal Biya
Source, auteur, copyright
©Quotidien le jour - Écrit par Jean-Bruno Tagne
Il s’agit de tirer profit de la relative jeunesse de la première dame pour donner au président un visage un peu moins ridé. On utilise l’image de Chantal Biya pour doper la popularité du président de la République. Il s’agit plutôt de tirer partie de l’image énergique, chaleureuse que peut fournir la première dame pour la mettre au service de la communication présidentielle.
     Date de publication: 12-05-2010   12:57:06
Chantal Biya : La mascotte de Paul Biya

Les communicateurs du président de la République semblent avoir misé sur l’image de son épouse qu’ils exploitent à son compte.
Le tout premier hors-série 2010 du magazine international Divas est consacré à la première dame du Cameroun, Chantal Biya. Sur la couverture, trône une photo en couleur de l’épouse du chef de l’Etat du Cameroun. On y voit une Chantal Biya rayonnante, coulée dans un ensemble de couleur rouge vif serti de parures brillantes qui en ajoutent au luxe de ses vêtements. Dans les pages intérieures, le magazine de Blaise Pascal Talla a épargné à ses lecteurs quelque littérature ennuyeuse. On y voit plutôt 1200 photos étalées sur 172 pages. Des photos prises lors de la cérémonie de présentation des vœux à la première dame.
1200 photos sur papier glacé de la bourgeoisie féminine locale. Des épouses de hautes personnalités bien connues de l’Etat, mais aussi des anonymes, qui partagent en commun leur joie non feinte (il n’y a qu’à voir le large sourire qu’elles ont sur les photos) de s’afficher aux côtés de la femme la plus puissante du Cameroun. Certaines photos sont légendées, d’autres pas. Certaines femmes ont l’honneur d’apparaître deux fois dans cet énorme album photos.
Avant ce hors-série, le même magazine, Divas, consacrait sa une à la première dame du Cameroun. Elle y pose aux cotés de Michelle Obama, la ravissante épouse du président des Etats-Unis. Une édition dans laquelle le magazine féminin tente de donner à Chantal Biya le même destin et la même trajectoire qu’à Michèle Obama.
On ne compte plus les journaux et autres magazines, des plus sérieux aux plus farfelus, qui consacrent leur une à la première dame du Cameroun. Les médias publics inondent leurs antennes et colonnes des activités de la première dame à qui on donne du « Madame la Présidente».
Le page d’accueil du site Internet de la présidence de la République (www.prc.cm) est une belle illustration de la confusion entretenue entre les activités « privées » de Chantal Biya et celles d’Etat de son époux. On la voit recevant des cardiologues italiens de l'association Enfants cardiaques du monde, ou en compagnie du Pr Luc Montagnier (l’un des découvreurs du virus du Vih), etc.
1. Confusion
 
La confusion est telle qu’à la présidence, Paul Biya a ses services et son épouse les siens, même s’ils ne sont pas formalisés. Le Cabinet civil de la présidence de la République serait ainsi peuplé d’un certain nombre de personnalités, qui ne doivent leur ascension qu’à la « magnanimité » de «maman » Chantal Biya. Lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations en Angola par exemple, il y avait, dans la délégation officielle du Cameroun, des personnalités du palais de l’Unité, « représentant la première dame ». Ce fut le cas de Martin Bilé Bidjang, officiellement chargé de mission à la présidence de la République.
Les gourous de la communication du président Paul Biya semblent donc avoir décidé de miser sur sa femme en faisant d’elle la nouvelle égérie du pouvoir d’Etoudi. A la veille de la présidentielle de 2011, à laquelle Paul Biya sera vraisemblablement candidat, l’image de la première dame, que les stratèges de la communication font passer pour une dame proche du peuple, contraste avec celle de son mari, décrit par le journaliste français Stephen Smith comme un «vacancier au pouvoir ». Une image de substitution, en somme.
Dans cette stratégie apparemment bien huilée, la Fondation Chantal Biya apparaît comme le label humanitaire d’une fondation politique. Des activités au premier chef caritatives, mais qui ont une charge politique indéniable, ainsi que le constate le politologue camerounais Hilaire De Prince Pokam, auteur d’un article intitulé « La participation des premières dames au jeu politique en Afrique », article paru en mars 2006 dans la revue Africa Governance Monitoring and Advocacy Project. Selon le chercheur, les premières dames deviennent, d'une part « des acteurs politiques par procuration, car leurs activités sociales contribuent à humaniser l'image de leurs époux, d'autre part, des acteurs politiques confirmés, partenaires de leurs conjoints dans le jeu pour la conquête et/ou la conservation du pouvoir ».
Il est à relever que les actions humanitaires de la première dame prospèrent dans les domaines où la politique de son mari porte peu de fruits depuis 28 ans : l’éducation et la santé. Les infrastructures scolaires sont dans un état lamentable dans plusieurs localités ; la gratuité de l’école primaire est un leurre, alors que les hôpitaux publics, qui fonctionnent comme de véritables espaces commerciaux, se transforment chaque jour en mouroirs.
Dans un article publié dans l’édition du mois de mars 2010 du Monde diplomatique, Thomas Deltombe, qui a enquêté sur les « sorciers blancs » de la communication de Paul Biya, fait le constat suivant : « Tandis que l’homme-lion reste dans l’ombre, sa seconde épouse, Chantal, de trente-six ans sa cadette, attire la lumière. La présidence compte sur ses « œuvres caritatives » pour redonner un peu de couleur à ce que l’on appelle au Cameroun, depuis les années 1980, le « régime du Renouveau » ».
2. Mère Theresa
 
Le sociologue camerounais Fred Eboko, quant à lui, dans un article de la revue Politique africaine consacré aux premières dames en Afrique, constate que « depuis la sortie de la crise de succession (1983 – 1984), le président a, petit à petit, développé un mode de communication basé sur le secret, l’opacité, voire le silence ». Et d’ajouter : « Aussi, l’entrée en lice de son épouse sous les feux des médias et du champ de l’action sociale semble représenter la face émergée de l’iceberg présidentiel ».
C’est l’ancienne journaliste française du Journal du dimanche, Patricia Balme, aujourd’hui patronne de Pb Communication et experte, selon Thomas Deltombe, en « ajustage de cravate et en limage de dents » du couple présidentiel camerounais, qui a misé la première fois sur Chantal Biya. « Elle a ainsi « fait venir » à Yaoundé, au début des années 2000, les professeurs Luc Montagnier et Robert Gallo, co-découvreurs du virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Dotée de cautions aussi prestigieuses, Mme Biya a ensuite pu se lancer dans une carrière internationale qui l’amènera à devenir « Ambassadrice de bonne volonté » de l’Unesco et à se faire photographier aux côtés de personnalités aussi diverses que Paris Hilton, Mme Jany Le Pen, Mia Farrow ou Mme Michelle Obama », révèle notre confrère Thomas Deltombe dans le Monde diplomatique.
Au-delà de l’exploitation médiatique de la première dame et de l’instrumentalisation de sa personnalité aux fins d’attirer notamment les couches populaires camerounaises, une question se pose : de quel pouvoir réel jouit Chantal Vigouroux Biya dans la marche des affaires au Cameroun ? Quelle est son influence dans les prises de décision de son mari ?
Un observateur de la scène politique camerounaise confie que les pouvoirs réels de la première dame, au fil des ans, s’effritent. « Au cours de ses premières années à la présidence, confie-t-il, la première dame avait une réelle influence sur le chef de l’Etat. Elle pouvait intervenir pour placer une connaissance ou un frère du village à de hautes fonctions. C’est dans ce sens qu’un certain nombre de personnes ont pu émerger et occuper de hautes fonctions. Mais avec le temps, le président s’est passé d’elle, devenant seul maître dans ses choix et ses décisions. Sa femme n’a plus aucune influence réelle, c’est lui seul qui décide».
Tout le reste n’est donc que trafic d’influence de personnes qui disent agir au nom de la première dame et qui investissent l’espace public avec zèle, et réussissent à mettre en coupe réglée des pans entiers de l’administration camerounaise et certains hauts fonctionnaires frileux. Au nom de la « maman ».
3. Paul Biya, à propos de son épouse
 
Extrait d’un entretien accordé à France 24 Ulysse Gosset

Monsieur le Président (...) a noté le rôle que joue maintenant votre épouse auprès de vous (...)
Paul Biya
(...) Je crois d’ailleurs que le portrait est bon, de manière générale, évidemment pour ce qui est de mon épouse. Elle mène une activité sociale et le fait savoir, donc elle est un peu plus moderne que moi (...).
Ulysse Gosset
Il y a une urgence pour l’Afrique, c’est la question du SIDA, et je sais que votre épouse y est largement impliquée, notamment avec la création de cet institut de recherche à Yaoundé avec deux grandes personnalités du monde médical, les professeurs Gallo et Montagnier. C’est extrêmement important. Pourquoi avoir fait ça et quelle est l’importance de ce projet pour vous ?
Paul Biya
Oui, c’est extrêmement important. Vous savez que l’Afrique est frappée par des pandémies : paludisme, tuberculose et surtout le SIDA. Ce centre joue vraiment un rôle important dans la prévention contre le SIDA et le professeur Gallo, que j’ai vu tout à l’heure, et aussi le professeur Montagnier ont bien voulu s’associer à mon épouse et à d’autres. Je dois dire aussi que c’est au cours d’un sommet de l’OUA, l’Union africaine en 1996 que mon épouse avait pris l’initiative de réunir des épouses de chefs d’Etat qui étaient présentes pour faire quelque chose ensemble.
(…) Nous n’avons pas de structures de recherche aussi sophistiquées et aussi développées qu’en Europe, mais il est bon tout de même que nous apportions notre contribution à la recherche des moyens d’éradiquer cette maladie. J’ai discuté avec le professeur Montagnier. Il m’a dit qu’ils utilisaient la pharmacopée traditionnelle, ils essaient – il y a de petites structures de recherche chez nous, il y a même des personnes qui prétendent guérir le SIDA. On acceuille tout cela, encadré par des chercheurs de renom comme les professeurs Gallo et Montagnier. Nous pensons que nous pouvons apporter notre contribution au lieu d’être là à attendre et à pleurer. J’ai également parlé à l’Unesco et j’ai remercié l’Unesco, qui nous aide à faire des actions de prévention contre le SIDA en milieu scolaire et pour tout cela mon épouse est présente, dans le cadre de ses activités.
4. Chantal Biya : Pour l’amour du peuple
 
Retour sur le parcours et les actions de la première dame du Cameroun.

Si l’on s’en tient à son allure, à sa coupe de cheveux, certains verront un brin de Marie Antoinette en Chantal Biya. Dans l’histoire de la France, Marie Antoinette, l’épouse de Louis XVI, comme Chantal Biya, suscite toutes sortes de controverses. « Elle qui est à la fois admirée et méprisée, applaudie et moquée, enviée et crainte », pour reprendre les propos de nos confrères du journal français l’Express d’avril 2004. Là s’arrête la comparaison.
Paul Biya épouse Chantal Vigouroux en secondes noces en 1994. La jeune fille, alors âgée d’une vingtaine d’années et issue d’un milieu modeste, fait son entrée dans les ors et lambris du palais d’Etoudi.
Très tôt, Chantal Biya s’investit dans les œuvres humanitaires. Elle crée ainsi la fondation qui porte son nom en 1994. Cette première association lui permet de commencer à occuper l’espace public et médiatique. Les premières actions sont plutôt discrètes jusqu’au début de l’année 2000. Elle se donne également une image de première dame proche du peuple grâce à ses actions en faveur des couches sociales vulnérables et des enfants infectés par le Vih/Sida.
Sa sphère d’influence monte d’un cran en 1998 lorsqu’elle crée le Cerac (Cercle des amis du Cameroun). Au départ, il s’agit d’une Ong regroupant les épouses de diplomates en poste à Yaoundé. Plus tard, le Cerac va prendre plus de volume au point de devenir aujourd’hui le principal regroupement de la jet set féminine de la capitale.
Chantal Biya passe à l’international en 2001 avec la création de Synergies africaines contre le Sida et les souffrances, qui regroupent les premières dames d’Afrique. Le véritable rayonnement des actions de Chantal Biya dans la lutte contre le Sida arrive en novembre 2002 lorsqu’elle fait venir à Yaoundé les professeurs Luc Montagner et Robert Gallo, codécouvreurs du virus du Sida. En 2009, c’est la consécration. La première dame du Cameroun est faite ambassadrice de l’Unesco.
5. Chantal Biya : Le juteux filon
 
Chanteurs, écrivains charlatans et autres multiplient des odes à la gloire de la première dame ainsi que des panégyriques qui louent ses actions.

On ne compte plus les événements organisés au Cameroun et placés sous le haut patronage réel ou supposé de la première dame, Chantal Biya. Grand prix cycliste international Chantal Biya, journées camerounaises de l’autisme, spectacles de musique, concours Miss Afrique, plaidoyer de lutte contre le cancer, etc. Tout y passe. Les organisateurs de manifestations de tout poil ont trouvé dans l’exploitation de l’image de l’épouse du président de la République un juteux filon. Cette situation ne date pas d’aujourd’hui, et il faut s’attendre à ce qu’elle prenne un peu plus d’ampleur avec l’imminence de l’élection présidentielle.
Les chansons à la gloire de la «première dame », « la présidente », « la maman », etc., s’amoncellent. Personne ne semble plus s’étonner de ce qui ressemble à un appel du pied ou plus précisément à un appel de fonds. Petit Pays, Lady Ponce, Ama Pierrot, Ahidjo Mamadou, Prince Aimé, Tsimi Toro, Tonton Ebogo, Dora Decca, Gervais Mendo Zé, Longue Longue, Atango de Manadjama, Bébé Dj, Clarisse Valery, Njohrer, etc. Dans leurs albums, les chanteurs se réservent au moins une chanson pour la première dame qu’ils citent abondamment. «Chantal, tu as le cœur sur la main. Tu descends de ton trône pour te rabaisser au niveau des misérables», chante, par exemple, Gervais Mendo Zé dans son tube « Mbembe esai ». Une façon ingénieuse ( ?) de taper dans l’œil de la première dame qui sait souvent être reconnaissante face à ces marques de dévotion.
Ces dédicaces intéressées ont permis à certains de ces « artistes » d’être invités dans le saint des saints du palais de l’Unité, à Mvomeka’a à l’anniversaire du président de la République ou d’assister aux cérémonies organisées par le couple présidentiel, ou encore de se produire devant les enfants du prestigieux complexe scolaire les Coccinelles du palais de l’Unité (l’école que fréquentaient les enfants du couple Biya), lors des remises de bulletins.
Dans le registre de la flagornerie musicale, la chanteuse populaire K-Tino, « la femme du peuple », reine de la grivoiserie musicale, fait office de pionnière. Elle fut l’une des premières, à avoir eu la chance d’accrocher la première dame. Une situation diversement appréciée dans l’entourage présidentiel. Les chansons de K-Tino et sa tenue sur scène, osée, contrastant avec la pudeur qui sied aux affaires de l’Etat. Pour Fred Eboko, sociologue camerounais, K-Tino « féminise [à travers ses chansons] les discours sur les pères de la nation, qui ont eu cours pendant les années des partis uniques ».
Au-delà de la musique, la littérature a également trouvé en la première dame du Cameroun une véritable muse. Dans le livre qu’elle a signé, Chantal Biya la passion de l'humanitaire, Karthala, 2008, Paris, 255 P., Béatrix Verhoeven canonise la première dame du Cameroun, décrite comme « la Mère Theresa d’Afrique ». Le panégyrique de Béatrix Verhoeven en direction de Chantal Vigouroux Biya, passé inaperçu au Cameroun et en France où il a été édité, fut en revanche salué par nos confrères de Cameroon Tribune lors de sa sortie comme « le livre événement de ce début de mai » 2008.
Béatrix Verhoeven, modeste professionnelle française de la communication, décrit Chantal Biya comme dotée d’une intelligence surnaturelle, d’une finesse d’esprit et d’une grâce physique hors-norme. Sans compter de remarquables descriptions sur la générosité sans limite de la « mère de la nation » qui, remarque Mme Verhoeven dans son livre bien illustré, avait déjà « la main sur le cœur à l’âge de trois ans » !
C’est dans le Monde diplomatique du mois de mars et sous la plume de Thomas Deltombe qu’on a une explication de cette ode enflammée de Béatrix Verhoeven et des éditions Karthala à Chantal Biya. Le directeur de cette maison d’édition, Robert Ageneau, reconnaît : « On a publié cet ouvrage sans forcément en partager complètement le style » ! Et notre confrère de poursuivre : « Initié par le sérail pro-gouvernemental camerounais et affublé d’une préface du professeur Montagnier, le livre a été acheté par centaine par… la Fondation Chantal Biya. « Par les temps qui courent, ce n’est pas négligeable », reconnaît le directeur de Karthala, un peu gêné. »
6. Mathias Owona Nguini : « Donner au président de la République un visage un peu moins ridé »
 
Le socio-politiste analyse l’exploitation de l’image de la première dame, Chantal Biya, au profit du président de la République.

Comment analysez-vous l’exposition médiatique de Mme Chantal Biya ?
La présence médiatique de la première dame du Cameroun, Mme Chantal Biya participe d’une stratégie bien huilée de communication politique. Il s’agit de faire de la première dame un atout clé des campagnes de communication en faveur du président. Mme Chantal Biya devient donc l’atout de charme de la communication présidentielle.

Si les gourous de la communication de Paul Biya misent désormais sur l’image de sa femme, cela signifie-t-il que celle du président ne passe plus ?
De leur point de vue, les choses ne sont pas envisagées de la même manière. Il s’agit plutôt de tirer partie de l’image énergique, chaleureuse que peut fournir la première dame pour la mettre au service de la communication présidentielle. Il s’agit de tirer profit de la relative jeunesse de la première dame pour donner au président un visage un peu moins ridé. On utilise l’image de Chantal Biya pour doper la popularité du président de la République.

Si l’on suit votre logique, on peut donc penser que les actions humanitaires de la première dame ont une dimension politique…
Bien entendu. Les actions humanitaires de la première dame sont aussi bien réglées par les exigences protocolaires que par des exigences de représentation. Cela signifie alors que l’action humanitaire de la première dame est une occasion de communication politique favorable au président de la République. Il ne faudrait jamais oublier que tout le déploiement médiatique qui est fait autour de Mme Chantal Biya est en quelque sorte mis au profit de la stratégie politico-communicationnelle du président Paul Biya.

Et ces actions prospèrent dans les domaines (santé, éducation) où le Renouveau a pratiquement échoué…
L’action humanitaire est généralement orientée vers ces domaines-là. Ce sont des secteurs dans lesquels on peut effectivement constater des déficiences dans les politiques officielles et gouvernementales. En utilisant la première dame, on la fait apparaître comme un élément qui vient répondre aux urgences, qui vient secourir dans des conditions où les structures systémiques ne sont pas aussi efficaces qu’on le dit. D’une certaine manière, dans l’art de la communication, cela est habile, cela permet effectivement de positionner la première dame comme une personne généreuse, une personne dévouée, une personne qui fait preuve de chaleur, étant entendu que tout cela est toujours envisagé dans la perspective de rapporter des profits politiques au président de la République.

Chantal Biya est omniprésente sur l’espace public, les sites Internet de la présidence de la République, etc. n’est-il pas confusion ?
Il peut parfois y avoir une espèce de confusion de rôle. De toutes les manières, le rôle de représentation dévolu à la première dame n’est pas une spécificité camerounaise ou africaine. Ce rôle existe dans d’autres systèmes politiques, y compris ceux qui sont considérés comme modernes. Cela dit, nous avons notre propre compréhension, qui est généralement fort extensive de la fonction symbolique de la première dame dans les systèmes politiques africains. La première dame devient en quelque sorte un équivalent féminin du président de la République. Elle devient une espèce de double symbolique du président de la République, qui est ainsi, à travers cette communication, campé dans une position masculine, dans une position de monopolisation phallocratique de la fonction présidentielle. Alors, la première dame c’est ce qui représente la dimension de la grâce, la dimension de la féminité, mais une féminité qui n’est pas officiellement au pouvoir, et qui accompagne le pouvoir.

La communication présidentielle veut donc jouer sur l’image d’une femme que l’on dit proche du peuple, pour attirer les couches populaires…
On ne peut pas reprocher aux communicateurs du président de jouer sur ce qui apparaît comme des atouts en faveur de Mme Chantal Biya. Ils ont affaire à un président de la République qui, par tempérament et par nature, est distant et discret. Alors ils peuvent effectivement miser sur l’image d’exubérance, d’enthousiasme et de chaleur de la première dame et utiliser cette image au profit de son mari. Même aux yeux des profanes, Mme Chantal Biya est un agent privilégié de communication au profit de M. Paul Biya en tant que président de la République.

Est-ce que cette communication peut avoir un impact réel sur la masse ?
Une telle communication, quels que soient ses artifices et ses trucages, a un impact réel au niveau de la population. Ce n’est pas le fait du hasard si les communicateurs présidentiels utilisent l’image de la première dame. C’est qu’ils y ont vu un potentiel important de valorisation lié au tempérament et au trait de caractère de cette personne. Ils entendent en user de la meilleure des manières. Il faut reconnaître, quoi qu’on dise, que Mme Biya, à sa manière, sait faire de la représentation.

Avec la présidentielle de 2011, il y a certainement à parier que cette exhibition médiatique de la première dame va monter en puissance…
Bien entendu. Une telle perspective d’exploitation de la première dame va demeurer, voire se consolider.

Chantal Biya est-elle la Marie Antoinette du Cameroun ?
Une telle perception se développe essentiellement dans les milieux critiques du régime, qui envisagent précisément la présidence du Cameroun, telle qu’elle est organisée, comme caractérisée par une dimension monarchique très forte. Alors, par dérision, ils appellent Mme Chantal Biya, Marie Antoinette, pour laisser malicieusement entendre que le président Paul Biya serait Louis XVI.
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