Artistique Elise Mballa
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© quotidienlejour.com - Eitel Elessa Mbassi
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Comédienne, danseuse, chorégraphe, metteur en scène, écrivain, la présidente de la Sociladra est d’abord enseignante de géographie.
Date de publication: 18-03-2011 05:59:50
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Cinq jours après sa réélection comme présidente du conseil d'administration de la société civile des droits de la littérature et des arts dramatiques (Sociladra), Elise Mballa n’avait toujours pas récupéré des fatigues accumulées.
Ses traits tirés laissent néanmoins imaginer la plastique agréable de cette cinquantenaire, qui a fait fureur dans sa jeunesse. Plusieurs fois nominée à des concours de beauté, Elise Mballa distille encore un sourire ravageur et une lueur malicieuse dans son regard toujours bienveillant. Drapée de tenues africaines qu’elle porte à profusion, Elise Mballa Meka a les allures de ces femmes de tête qui assument leur féminité sans artifices.
Le domicile d'Elig-essono de la néo-présidente du Conseil d’administration de la Sociladra est un havre de paix. Ce samedi 10 mars 2011, celle qu’on appelle affectueusement « madame la présidente » accuse le coup d’une campagne électorale impitoyable. Après trente minutes d'un entretien laborieux, elle finit par s'affaler sur le canapé, où elle baille à se déchirer la bouche. Sa voix, d’habitude rocailleuse, est presqu’inaudible. « Je suis très fatiguée. Ce n’était pas évident d'organiser cette assemblée générale », confie-t-elle à un proche, accrochée à un téléphone portable qu’elle garde à portée de main. A cet interlocuteur invisible au bout du fil, elle veut surtout espérer qu'après la sévère défaite (326 voix contre 126) infligée à son adversaire, le professeur Hubert Mono Ndjana, elle aspire à un peu de paix. Avec le journaliste, elle ne veut plus aborder le sujet.
C’est un véritable pugilat pour lui arracher un traitre mot de ce qu’elle considère désormais comme du passé. Le domicile de « Nany », le doux nom que lui ont attribué ses collaborateurs, est une galerie d’art. Décoré de masques, tableaux, peintures, tabourets sculptés, chaises en bambou ou en rotin, le séjour en ce lieu est un délice. Et pourtant, impossible de ne pas revenir au détour de la conversation, à la Sociladra. Tout ou presque, y passe. Lorsqu’il faut parler du droit d’auteur, Elise Mballa Meka s’illumine. « Il faut arrêter de réduire les sociétés de gestion collective aux querelles de personnes, car ce ne sont pas les problèmes qui y manquent », rectifie-t-elle. Plus calme que lorsque le reporter a été introduit auprès d’Elise Mballa, la Pca se débride. Maternelle, elle parle comme à l'un de ses trois enfants qui ne va pas bien. « La Sociladra peine à percevoir les redevances. Personne ne parle des usagers qui rechignent à payer leurs redevances » se plaint-elle. Elle cite invariablement les ministères des Enseignements Secondaires, de l'Education de base, des universités, les radios et télévisions privés. La Crtv : « Elle paye quand elle veut bien », se désole t-elle. La Pca annonce des recouvrements forcés. « Nous allons nous entourer de conseils, et nous n'allons pas nous économiser par rapport aux procès pour recouvrer les droits d'auteur », avertit-elle. Ces résolutions, qu’accompagnent des mesures d'austérité prises depuis 2008, permettront de faire revenir la prospérité au sein de la Sociladra. Un vœu pieux, qu’Elise Mballa entretient. Elle a un nouveau bail de trois ans._
1. Quand la danse dompte le théâtre |
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La vie d’Elise Mballa a été de tout temps faite d’action, de mouvement, d’expression. Dès 1992, pour chasser la grisaille de l’enseignante de géographie, elle fonde avec Martino Zam Ebale le Nyanga dance. La compagnie, qui est le must de la danse contemporaine à Yaoundé, révèle au grand public cette autre facette d’Elise Mballa. Elisabeth II, remporte l’Epi d’or de danse contemporaine au Cameroun en 1998. Un an plus tard, c’est au prix spécial du jury aux Rencontres Chorégraphiques de l’Afrique et de l’Océan Indien de tomber dans l’escarcelle du groupe de la route Ceper. Les festivals internationaux auxquels elle prend part sont légion. En 1999, le Nyanga dance se saborde. Zam Ebale s’expatrie, laissant la compagnie orpheline de l’un de ses fondateurs et meilleurs danseurs. Elise Mballa accuse le coup, plie, mais rebondit très vite pour retomber sur ses jambes. L’association Meka est créée en 2000 sur les cendres du Nyanga dance. Elle sert de cadre à la naissance d’une autre compagnie de danse. Phénix, symbole de cette renaissance dans laquelle Elisabeth veut s’inscrire, s’emploie à la formation de danseurs. Mais l’idée est plus généreuse. Au bout, c’est de la mise sur pied d’un festival international de danse et de percussions qu’il est question. « Abok i ngoma » sort des fonts baptismaux. Et se tient depuis cinq éditions maintenant. Le virus de la danse a atteint Elise Mballa depuis sa tendre enfance, aux cotés d’un oncle dont elle admirait les prouesses lors de ses vacances scolaires à Efoulan, par Akom II. La danse est devenue une obsession à l’université. Où elle fait l’expérience du théâtre au sein du théâtre universitaire, auprès d’une certaine Jacqueline Leloup. A cette époque, elle côtoie sur scène, des noms tels François Bingono Bingono, Emile Abessolo Mbo, Essindi Mindja de regretté mémoire, ou encore Agnès Ndoumbe. Pour sûr, Elise a du talent. Et commence à se faire remarquer. Elle continue de suivre des stages de formation de metteur en scène à Paris, sous la direction de Pierre Berthelet et de Daniel Mesguish. Ici au Cameroun, elle se soumet à l’apprentissage de Pascal Nzonzi au Ccf de Yaoundé. A la même période, elle suit des cours de danse de Marie José Hell. |
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Dès lors, elle pouvait se targuer d’être comédienne, danseuse, metteur en scène, chorégraphe et, depuis 2009, écrivain. En septembre de cette année là, elle a publié un roman aux éditions l’Harmattan. « Une nuit dans les sissongos » s’est révélé comme l’un des romans qui ont marqué l’année littéraire 2009 au Cameroun. Elle y raconte l’amour entre un homme et une femme, dans le langage des gens du Sud (les bulu). Des milliers d’exemplaires seront vendus. A la force du bras, et du talent Elise Mballa a fini par tracer un sillon dans l’univers culturel camerounais. Elle est désormais sollicitée pour son expertise dans les cérémonies populaires et festives. Dans le cadre du cinquantenaire, elle est panéliste sur le thème « Défis et perspectives de la propriété intellectuelle au Cameroun ». Depuis 2003, son Dess en stratégies du développement culturel, option politique culturel et gestion des arts obtenue à l’université d’Avignon, lui est certainement d’une utilité avérée. En 2009, Ama Tutu Muna, le ministre de la culture, fait appel à elle pour coacher le ballet national pour la commémoration de la journée de l’esclavage à New-York aux Nations Unies. Plus récemment, lors du Comice agro pastoral d’Ebolowa, elle monte le carnaval Elalua, où 860 figurants déroulent une chorégraphie qui révèle les trésors culturels du Sud à toute une nation devant son président. Un moment de gloire. Directeurs généraux de société, ministres de la république et assimilés se bousculent pour lui arracher une bise ou une accolade, en guise de félicitations. Verseau (son signe de zodiaque), Elise Mballa a des projets pleins la tête pour l’évolution de l’art au Cameroun. Après avoir pris sous sa mamelle des artistes tels que Corry Deguemo du groupe de musique Macase, Kareyce Fotso, pour ne citer que celles-là, elle ambitionne de bâtir un espace culturel de travail et de diffusion. Avant, il faut s’atteler aux prochains chantiers de la Sociladra, aussi, mettre en œuvre l’organisation du festival Abok i ngoma, prévu pour le mois de décembre prochain. Des missions, qui ne lui empêchent pas de garder de l’attention pour ses trois enfants, Kevin-Rémy, Gabriella et Eva. Elle regrette de ne plus avoir assez de temps pour leur mijoter les petits plats qu’elle aimait confectionner elle-même. En bonne vivante, elle ne dédaigne pas s’éclater au bal des vétérans du dimanche soir au Katios night club. Comme au bon vieux temps. |
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Je porte un regard mitigé sur l’art au Cameroun. Je trouve que beaucoup de choses on changé en la matière ou reculer en terme de production et en terme de qualité de production. Le droit d’auteur c’est l’espoir de tout le monde alors que l’artiste doit vivre de ses productions. Le théâtre est presque inexistant. Et si on ne se ressaisi pas il y a des formes d’art qui vont disparaître. Cela est dû au fait qu’il n’y a pas de formation, il n’y a pas d’infrastructures. Il faut aussi souligner que la culture est entièrement laissée à l’Etat. Les mécènes devraient plus s’impliquer pour régler ce genre de choses. Sur une toute autre question, j’étais un peu choquée le 23 février dernier que des hommes politiques poussent des jeunes à se faire tuer en descendant dans la rue. Les camerounais doivent être conscient de ce qu’ils ont et que les autres n’ont pas : la paix. Moi j’ai voyagé dans plusieurs pays en guerre et ce n’est pas agréable à voir. Les jeunes ont d’autres priorités qu’aller dans la rue. |
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« Affable au travail » : Alphonse Bombogo, collaborateur, Dg de la Sociladra C’est une personne qui observe beaucoup et ménage ses rapports avec ses semblables. De même qu’elle s’efforce à faire en sorte que l’harmonie règne au sein de son cadre de travail. Je remarque surtout qu’elle très humaine et affable au travail.. Elle a un sens élevé de sa mission en tant que Pca de la Sociladra. Elle a cœur de bâtir une grande société de droits d’auteurs. Comme toute femme elle y va avec le cœur. Elle gagnerait à contenir ses émotions. D’une manière générale elle doit apprendre à garder son sang froid face à certaines situations. |
Cv
Ma naissance : le 2 février à douala (Verseau) Obtention du baccalauréat A4 (mention bien) : 1978 Obtention d’un Dea en géographie : 1983 Je crée le Nyanga dance avec Ebale Zam : 1992 Epi d’or de la danse contemporaine au Cameroun : 1998 Je crée l’association Meka : 2000 Obtention d’un Dess en stratégie de développement culturel, option politique culturelle et gestion des arts, à l’université d’Avignon : 2003 Elue présidente de la Sociladra : 2007 Création et conception du carnaval Elalua au comice agro pastorale d’Ebolowa : janvier 2011 Réélue présidente de la Sociladra : mars 2011
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