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Gaston-Paul Effa : « Payer pour se faire publier est un sacrilège »
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Source: quotidienlejour.com - Entretien mené par Jacques Bessala Manga
De passage au Cameroun pour restaurer la bibliothèque ouverte au cœur de Nkolndongo, Gaston-Paul Effa, le prolifique romancier camerounais, s’est ouvert dans nos colonnes. Il parle de ses projets pour la jeunesse camerounaise, de sa condition d’écrivain, de son univers créatif, de l’édition en Afrique. Entretien avec le virtuose du verbe qui a décidé de s’investir dans l’humanitaire avant de commettre un très prochain ouvrage.
     Date de publication: 16-11-2010   07:51:55
Deux voyages au Cameroun, en moins de quatre mois. Est-ce le retour de l’enfant prodige au bercail ?
Non, je ne vais pas réécrire le cahier d’un retour au pays natal de Césaire. De toute façon, la vie n’est faite que retours. Le fait de revenir sur les premiers pas, comme on dit, le premier pas est le plus difficile.

Votre présence actuelle au Cameroun se justifie donc par quoi ?
Par le fait que j’ai commis quelques livres, et que j’ai toujours le souci de la lecture. Parce que je pense qu’un être rouvre les vannes des lumières en lui en lisant, parce que notre pays manque cruellement de bibliothèques. On a essayé de construire une. Pour les besoins d’urbanisation, elle a été malheureusement détruite récemment. Nous sommes donc venus, parce que je ne suis pas seul pour ce voyage au Cameroun, Anna Karolina Blaberg et moi, pour essayer de voir comment on peut remettre les gens sous le toit des livres. On n’est pas venus pour visiter les splendeurs du Cameroun. On est venus pour vivre le Cameroun, et peut-être pour y faire quelque chose d’utile. Nous sommes venus pour restaurer la bibliothèque, mais aussi, pour d’autres projets qui pourraient nous intéresser.

Qu’est ce qui a motivé votre mise en relation pour ce projet ?
Il y plusieurs années déjà que nous nous connaissons, Anna Karolina et moi, au point d’être devenus amis. Dès que nous avons commencé à élaborer ce projet, un cercle d’amis s’est formé autour de moi, à Cherbourg, et ailleurs en Belgique, en France. Au lieu de faire venir des amis en Afrique noire pour le safari, c’est vrai que la plupart des gens viennent ici pour çà, nous avons choisi le prétexte humanitaire de cette bibliothèque.

Quel est le fonds documentaire de cette bibliothèque ?
La bibliothèque dispose déjà de 200 000 ouvrages. Ce sont des donations, et on y retrouve tous les genres, fictions, essais, etc. Puisqu’il y a des cours de langue au sein du collège où est basée la bibliothèque, nous allons aussi la pourvoir en ouvrages d’allemand, d’espagnol, et d’anglais, selon les nécessités. Nous n’allons pas sacrifier l’objectif premier, celui d’en faire un espace de lecture ouvert, gratuit et accessible à tout le monde.

Après la bibliothèque à Nkolndongo, où allez-vous installer la prochaine ?
Les gens disent qu’on lit très peu au Cameroun, ce n’est pas vrai. Il y a un très fort potentiel de lecture au Cameroun. C’est peut-être l’offre de lecture qui n’est pas satisfaisante. Nous allons y réfléchir. Nous avons posé un premier pas. Il faut d’abord mener ce premier projet à terme. On verra pour la suite.

Le projet de bibliothèque est-il une continuité des activités humanitaires que vous réalisez déjà en France ?
Rien à changer, parce que rien n’a changé (rires). Je suis romancier. Anna Karolina est citoyenne, humaniste. Et le romancier est quelqu’un qui vit et se nourrit de vies minuscules. Anna Karolina, dans sa démarche humaniste, se nourrit tout simplement de la respiration de l’autre. En plus de la sienne. Donc, on a conjugué nos énergies et il nous a semblé qu’une enfance qui est privée de livres se fane, n’a plus de passé, n’a plus de présent et manque de perspectives d’avenir. Mais comment faire pour remettre justement les gens en position de pouvoir partager, de pouvoir vivre ce qu’ils sont et ce qu’ils ont, et rêver encore un peu ? Je crois que le livre permet encore de réinventer à la fois la mère et le père, de relier un peu plus la mer et la terre. Si on peut offrir cet espace, cet interstice entre deux mondes, pour que le petit Camerounais, et au-delà, parce que je pense qu’il n’y aura pas que des Camerounais pour utiliser cette bibliothèque, pour que l’humain puisse redevenir auteur de lui-même, libre et ensuite responsable. Il n’y a que çà qui vaut.

Cette action est-elle l’une des matérialisations de votre engagement social et humanitaire ?
Je n’aime pas le mot engagement. C’est un mot intellectuel. On parle de Camus comme ou de Sartre comme des engagés. Ce sont des débats théoriques. Nous autres, nous ne sommes pas des intellectuels au sens où on l’entend en Occident. On est des gens qui ont un certain sens des choses. On sait ce qu’on a à faire, et on le fait, sans avoir autre chose à faire que de faire.

Vous vivez habituellement dans un univers très structuré, presque prévisible et finalement formaté. Comment conciliez-vous vos origines africaines avec votre quotidien occidental ?
Mon univers est complètement désarticulé, contrairement à ce que vous pensez. Parce que pour faire ce que nous faisons, il faut être fou pour le faire. Mais vous savez aussi qu’on dit souvent « sagesse pour les hommes, folie pour Dieu ». On ne sort pas du paradoxe.


Quinze ouvrages déjà publiés. Comment est organisé votre univers créatif ? Comment vous faites pour écrire autant ?
Je vis des choses auxquelles je me nourris. Je suis d’origine animiste, c’est-à-dire un être qui est habitué à vivre avec la nature, à devenir la nature, et à survoler des choses au point de se transformer en oiseau ou en choses simples. Et à partir de là, je crois que la littérature est déjà toute prête.

Si vous viviez plus au Cameroun, pensez-vous que vous seriez aussi prolifique ?
Je ne sais pas. Le cœur du Cameroun bat même à l’étranger. Il me semble que du moment où je me suis absenté, l’Afrique a continué à réclamer son dû. Et même si j’étais resté sur place, je ne peux pas faire de la métaphysique, il se trouve qu’aujourd’hui, je suis ailleurs. Comment imaginer comment les choses auraient été si j’avais été ici ? Je ne peux pas jouer à ce jeu-là. Mon imagination n’est pas assez fertile pour remonter le cours des choses.

Vous avez été éduqué par des religieuses, vous avez failli être prêtre. Etre philosophe et écrivain, après cette trajectoire vous prédispose-t-il à un conflit avec votre moi, du fait du risque de dissidence que charrient la littérature et la philosophie ?
Pas du tout. Pourquoi voir de la dissidence dans le fait d’être philosophe ou écrivain ? Rappelez-vous que le plus grand auteur littéraire était Socrate. Il avait pour disciple Platon. Je n’ai pas embrassé la littérature et la philosophie. Elles se sont embrassées pour venir à moi. Etre philosophe et écrivain n’est pas contradictoire avec la foi. Au contraire. Chez moi, là où s’arrête la littérature commence la philosophie.


Il transparaît dans la plupart de vos livres cette dualité permanente, ce voyage sans cesse entre deux univers parfois inconciliables. Pourquoi cette noirceur ? Pourquoi ce pessimisme entretenu ?
Je suis passionné de l’icône. Et l’art de l’icône est l’art qui travaille sur le noir. Et à partir du noir, on passe à la clarification successive. Je pense que l’espérance ne peut apparaître que parce qu’on a écrit sur des gens qu’on prend pour des saints. Je parle des chrétiens catholiques, pas des protestants. Les saints sont des gens qui sont descendus le plus bas possible. Et c’est parfois la condition pour se relever. En en Asie on ne dit pas mieux. On dit « Tomber, deux. Se relever, trois ».

Quelle est la part autobiographique dans votre œuvre ?
Toute écriture est une façon de voir le monde. Einstein a écrit l’un des plus beaux livres qui soit, « Comment je vois le monde ». Dès lors que je prends la plume pour écrire, alors, je suis en train de donner la façon dont je vois le monde autour de moi.

Comment réagit l’auteur lorsqu’il est en face de son lecteur ?
L’écrivain n’écrit pas pour lui-même. J’écris pour que l’autre fasse lumière en moi. Donc, lorsque je rencontre un lecteur qui me dit qu’il a lu mon livre, peu importe le sentiment qu’il en a retiré. Ce qui est le plus important, c’est la lumière qui s’est allumée, qui l’a ébloui ou qui l’a éclairé. Au marché central de Yaoundé, je suis entré dans une librairie qui ne paie pas de mine, j’ai demandé une œuvre de fiction. Il sort deux premiers livres, et au troisième, c’est Cheval-roi, mon roman inscrit aux programmes scolaires. Çà, c’est un hasard. Mais le hasard, çà ne se donne pas, c’est Dieu qui le permet. Selon des codes qui lui sont propres et insondables.

En même temps, çà doit faire plaisir à un écrivain de se savoir connu…
Oui, et je me dis que l’entreprise n’était pas vaine. Je me suis battu pour que Cheval-roi soit édité dans son format de poche. Il n’en voulait pas, mais je lui ai fait comprendre la nécessité des réalités locales du Cameroun. J’ai quasiment cédé gratuitement les droits à l’éditeur qui a accepté de publier le livre en format de poche.

Peut-on éditer des auteurs de votre calibre au Cameroun, face aux contraintes qui pèsent sur le secteur ?
Je ne sais pas de quel calibre je suis. Ce que je peux dire avant toute chose, c’est que les éditeurs doivent commencer par respecter les auteurs. Quand on respecte l’auteur, on respecte l’écrit. L’auteur lui-même doit se respecter. Dès lors qu’on prend la plume pour écrire, on rentre dans le sacré. Et on ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi, on ne peut pas accepter de se brader. Payer pour être publié est un sacrilège. Les éditeurs doivent accepter de prendre un risque minimum.

Où est la responsabilité du politique dans la structuration du secteur de la production littéraire en Afrique ?
Il n’y a pas d’ordonnance à prescrire à qui que ce soit. En France, où je vis, et où je vois comment çà se passe, il n’y a pas d’éditeurs qui poussent le caddie de l’Etat. Il n’y en a pas qui soient soutenu par l’Etat. La plupart sont indépendants ou alors, ce sont des multinationales qui explorent des univers qui dépassent l’espace national français. L’Eta n’a rien à y voir.

Mais il y a une politique nationale du livre en France…
Il y a une politique de la lecture. Ce n’est pas la même chose. Il s’agit d’aider chaque Français, et c’est souvent les auteurs qui prennent l’initiative d’encourager à la lecture. Ici aussi, on pourrait aider les petits Camerounais à se réconcilier avec les livres.

La loi Lang a pourtant été un moteur de la croissance du secteur de l’édition en France, non ?
La loi Lang n’était que cette facilité qui permettait de fixer le prix unique. Là s’arrêtait l’intervention de l’Etat. On n’imposait pas à l’éditeur un prix, mais on lui permettait de fixer un prix qui devait s’appliquer partout sur le réseau de vente. En réalité, il ne devait pas avoir de concurrence entre les libraires, pas les éditeurs.

Romancier, essayiste, poète… Quel est le genre où vous vous exprimez le mieux ?
J’aimerai simplement qu’il n’y ait rien en moi qui soit étranger.

Quelque temps déjà, depuis la dernière parution. A quand votre nouvel ouvrage ?
La plus belle chose en psychanalyse c’est la frustration. Lorsqu’on est le plus frustré, peut-être est-ce là qu’il y a les meilleures chances de guérison. Mes lecteurs seront bientôt guéris, puisqu’ils sont suffisamment frustrés.
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