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MOUVEMENT NKUL BETI
   CAMEROUN             AFRIQUE             MONDE
Quelle justice lèguera le Renouveau National aux Camerounais ?
Source, auteur, copyright
Thierry AMOUGOU, Fondateur et animateur du CRESPOL (Cercle de Réflexions Economiques, Sociales et Politiques)
Le branle-bas et les grandes actions et soubresauts de la justice camerounaise surgissent uniquement lorsque la bourgeoisie d’Etat se bat, soit contre elle-même pour le pouvoir, soit contre une dynamique populaire qui menace les fondements conservateurs dudit pouvoir. En dehors des ces moments phares du combat politique intra-club élitaire au pouvoir, l’institution judiciaire camerounaise reste banale et engluée dans ses carences quotidiennes sans se hisser au niveau de la promotion d’un Etat de droit. Conséquence normale car la notion d’Etat de droit s’est construite dans l’histoire à partir du moment où des juges sont parvenus à affermir leur indépendance vis-à-vis de l’arbitraire royal. Le temps du Cameroun semble encore celui des juges inféodés au « roi » à telle enseigne que faute de justice républicaine le peuple camerounais se fissure et fait de l’alternance ethnique au pouvoir son idéal de justice. La conséquence en est qu’au lieu de se considérer victimes – comme tous les outsiders – des deux dictatures camerounaises, les anglophones pensent qu’ils en sont les plus grandes victimes parce qu’ils sont anglophones, les Bamiléké qu’ils ont été tués lors de la guerre d’indépendance non parce qu’ils faisaient partie de l’UPC réprimée par les colons et leurs relais locaux, mais parce qu’ils étaient Bamiléké et les Béti qu’ils ne profitent pas assez d’un pouvoir exécutif exercé par un des leurs. Le peuple camerounais passe maître dans l’art de minorer ce qui nous lie – le combat pour la liberté – et de majorer sans communes mesures ce qui nous particularise.
     Date de publication: 28-08-2014   23:26:50
Ce qui frappe lorsqu’on examine la dynamique à la base de la construction démocratique américaine est l’omniprésence de l’associatif quand, en France, c’est l’Etat qu’on trouve au centre et, en Angleterre, les grands seigneurs historiques. La construction démocratique américaine est pour cela inductive – les libertés locales en constituent la force motrice vers les sommets. L’impulsion en France et en Angleterre est beaucoup plus marquée par la dynamique déductive, le haut de la société pesant sur le processus démocratique via l’Etat et les aristocraties. Les Etats-Unis ont de ce fait une institution judiciaire dont les règles sont non seulement autant éclatées que la volonté locale de chaque Etat, mais aussi unies par un fil d’Ariane fédéral où ce qui compte est moins la recherche de la vérité que des accords qui arrangent les parties en litige. En France, rendre justice se fait suivant l’idée d’une justice démiurgique consistant à chercher la vérité et en faire la base de la décision juste. On cherche à connaître effectivement l’authenticité des faits. C’est moins cette dernière qui compte aux Etats-Unis que les arrangements qui satisfont les deux parties en conflits: ici la vérité est réduite à sa dimension pragmatique, à savoir qui met les deux parties d’accord et permet de sortir du litige qui les oppose. En France l’Etat et ses institutions remplacent Dieu quand ils prennent la forme que veulent les sociétés locales aux Etats-Unis.

Dans un Cameroun où la bourgeoisie d’Etat – élites intellectuelles, politiques, militaires, religieuses et traditionnelles dominantes au sein et par l’Etat – tient les rênes du pouvoir politique et de son opposition depuis plus de cinquante ans, il semble légitime, étant donné que l’Opération Epervier a été mise en route par la même bourgeoisie d’Etat contre elle-même, de se demander quelle type de justice le Renouveau National lèguera au Cameroun et au Camerounais. Répondre à cette question implique que nous mettions en exergue la figure de la justice sous le Renouveau National depuis 1982. Nous choisissons de le faire, non en analysant les textes qui régissent la justice camerounaise, mais en essayant de débusquer la logique judiciaire sous-jacente aux politiques du Renouveau National par rapport à quatre articulations politiques majeures de ce régime : le traitement des putschistes de 1984, l’Opération Epervier, les émeutes de mars 2008 et les grandes réalisations.
1. Push de 1984 et la loi du talion : Ier acte d’une justice camerounaise au service de la gestion des conflits de pouvoir au sein de la bourgeoisie d’Etat
 
Œil pour œil et dent pour dent a été le message envoyé par le Renouveau National au peuple Camerounais après le Push de 1984. Message doté d’une double fonction : punir du châtiment extrême ceux qui avaient été considérés à tort ou à raison comme les acteurs du coup d’Etat et, via cette peine capitale, envoyer un message de fermeté censé décourager quiconque serait mû dans l’avenir par les mêmes velléités de renversement du Renouveau National. L’image de la justice camerounaise restée dans l’imaginaire populaire depuis cet évènement est la peine de mort, les pelletons d’exécution et les charniers. Le coup d’Etat de 1984 n’a pas été une action de prise de pouvoir ourdie par la classe populaire de l’armée camerounaise, ceux qu’on appelle généralement les « sans galons ». Il a été une étape majeure d’une lutte intestine pour le pouvoir suprême au sein de la bourgeoisie d’Etat. Ahmadou Ahidjo, commanditaire en arrière fond du push, et Paul Biya, victime au pouvoir, en sont les figures tutélaires à la tête de l’Etat depuis le Cameroun indépendant. C’est une des raisons pour lesquelles la rupture entre une justice sous Ahidjo et une justice camerounaise sous Biya n’a pas été constatée. La prison à vie, la répression estudiantine, les arrestations arbitraires et la peine de mort qui servirent d’instruments de sanction sous Ahidjo ont été les mêmes utilisés par Biya après son accession à la magistrature suprême. Ceux qui, à l’instar d’Issa Tchiroma et/ou Dakolé Daïssala, membres de cette bourgeoisie d’Etat, ont été incarcérés comme putschistes ont depuis bénéficié d’une grâce présidentielle sous formes de postes politiques. Bélo Bouba Maïgari a construit son programme politique en véhiculant une image de revanchard corrélée à la peine capitale subie par plusieurs ressortissants du Nord. Il avait fait de sa région d’origine celle qui occupait désormais la belle place politique de victime d’une justice instrumentalisée par le Renouveau National. La figure revancharde de Bouba Beilo Maïgari a politiquement produit des dividendes car il est ministre d’Etat inamovible depuis plusieurs années, Issa Tchiroma n’a pas perdu au change car plusieurs fois ministre, il est actuellement porte parole du Renouveau National. Dakolé Daïssala quant à lui a occupé de multiples postes de très hautes responsabilités dans plusieurs gouvernements camerounais. Seul le corps d’Ahmadou Ahidjo reste condamné à mort à l’exil puisque la réconciliation politique avec la famille est désormais acquise au sein de la bourgeoisie d’Etat comme le démontre le ralliement de la fille du défunt président.

Le push de 1984, acte majeur du dévoilement du visage de la justice sous Biya, montre que l’institution judicaire a été mobilisée pour résoudre un problème de dispute de pouvoir au sein de la bourgeoisie d’Etat qui le détient depuis 1960. Il apparaît par ailleurs que la paix des braves finit toujours par s’instaurer au sein de cette bourgeoisie d’Etat au pouvoir car ceux de ses membres incarcérés ou décidés à se venger ont depuis longtemps bénéficié d’une justice réparatrice sous formes de postes de responsabilité au sommet de l’Etat camerounais. Le push et sa gestion ont permis aux leaders du Nord de structurer politiquement leur population et leur région en victimes du Renouveau National et de faire pression sur lui via un axe Nord-Sud comme marqueur géopolitique d’une justice réparatrice entre Camerounais du Nord et ceux du Sud.
2. L’Opération Epervier : IIème acte d’une justice camerounaise au service de la gestion des conflits de pouvoir au sein de la bourgeoisie d’Etat
 
En dehors des quelques sous-fifres condamnés ici et là comme preuves des effets collatéraux de la dimension réticulaire de la société camerounaise dans laquelle un « Bao » a toujours autour de lui un vaste réseau de dépendance qui profite de sa place au sein de l’Etat, l’Opération Epervier concerne la gestion de l’Etat car ceux qui sont poursuivis, condamnés et graciés sont des Camerounais ayant occupé des fonctions névralgiques au sommet de l’Etat camerounais pendant plusieurs années. Comme dans de nombreux pays africains, l’Etat au Cameroun a opéré une mutation de son objectif théorique de macro institution au service des intérêts collectifs à celui réel de principal canal d’accumulation individuelle et/ou communautaire de ceux qui le dirigent. L’Opération Epervier traite d’une « feymania d’Etat », second moment fort où la justice camerounaise est mobilisée par le régime pour résoudre un conflit sur les privilèges d’Etat. On assiste ainsi à une justice des élites mobilisée par les élites pour les disputes de pouvoir entre élites car l’argent est l’argument central de la concentration du pouvoir dans un Cameroun ou le « j’ai donc je suis » est la valeur régulatrice suprême. Le but assigné au système judicaire camerounais revient donc à cacher, par une gesticulation pénale, l’échec cuisant et définitif du Renouveau National car la rigueur dans la gestion et la moralisation des comportements auraient été une réussite que l’Opération Epervier n’existerait pas.

Nous avons coutume de dire, et cela est éclatant dans l’Opération Epervier, que l’institution judicaire camerounaise devient l’assureur en dernier ressort des carences du monde politique qui, inévitablement, la met sous ses ordres en foulant allègrement aux pieds la séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. C’est une opération qui ne peut en aucun moment être de la justice pour tous mais uniquement la continuation du combat politique entre bourgeoisie d’Etat par les moyens du discours judiciaire. Plusieurs faits le démontrent et l’étayent. Premièrement, la justice camerounaise ne peut se targuer d’un temps judicaire autonome du temps politique. C’est en effet le président de la république qui dit quand est-ce qu’il faut accélérer les arrestations, quand est-ce qu’il faut calmer le jeu, quand est-ce que c’est le moment des grâces présidentielles et quand est-ce qu’on reprend la cadence comme vient de la préciser le porte parole du gouvernement Issa Tchiroma. Deuxièmement, les procès politiques qui en sont le résultat judicaire sont aussi des signes probants que le temps politique se substitue au temps judicaire et en pollue la crédibilité nécessaire pour rendre justice de façon sereine. Troisièmement, un homme, Paul Biya, domine la trajectoire procédurale de cette justice élitiste de bout en bout : l’Opération Epervier démontre que la justice camerounaise n’est pas une institution mais un homme qui agit, Paul Biya. Cinquièmement, l’Opération Epervier met en évidence de fort belle manière la figure politique du « président-créateur » et des « Camerounais-créatures » imaginée par Jacques Fame Ndongo. Cela se démontre par le fait que l’Opération Epervier a une dynamique démiurgique dont la logique interne passe par six étapes caractéristiques du « chemin de croix » d’anciens collaborateurs bannis : les rumeurs de leurs malversations, la presse comme caisse de résonnance des enquêtes en cours, le procès politique, la condamnation des « pécheurs », leur pénitence en prison pendant un certain temps et la rémission de leurs péchés par le « président-créateur » via la grâce présidentielle. Une fois encore, ce sont les querelles de pouvoir au sein de la bourgeoisie d’Etat camerounaise qui rythment les grands moments médiatiques de la justice camerounaise en dehors des carences quotidiennes dont fait preuve cette institution dans les problèmes récurrents des populations ordinaires.

Il en résulte une justice à deux vitesses. Celle de la bourgeoisie d’Etat dont les signes remarquables sont les cellules réaménagées, les procès médiatiques, des pressions internationales, l’argent comme principal argument des débats, et finalement la grâce présidentielle. Puis celle des Camerounais ordinaires où les cellules restent crasseuses, la prison un incubateur de virus, les pressions internationales inexistantes et la grâce présidentielle rarissime pour le voleur de fruits dans un marché populaire local. L’Opération Epervier donne ainsi une prime non seulement aux pilleurs de la république, mais aussi démontre que ce sont les plus grands criminels du pays qui, parce qu’ils appartiennent à la bourgeoisie d’Etat, bénéficient de la grâce présidentielle et non les milliers de compatriotes auteurs de larcins. Moralité : il faut être puissant au Cameroun pour être mieux traité en prison et bénéficier de « la rémission des péchés » du « Président-créateur ».
3. Les émeutes de février 2008 : IIIème acte d’une justice camerounaise au service de la répression d’un mouvement populaire de contestation de la bourgeoisie d’Etat au pouvoir
 
Les atermoiements, les hoquets, les retards, les approximations et les lourdeurs administratives quotidiens de la justice camerounaise ont subitement cessé lorsque la bourgeoisie d’Etat, pour défendre son pouvoir, s’est adossée sur l’armée camerounaise pour réprimer et délégitimer le mouvement de contestation populaire de février 2008. La jeunesse camerounaise descendue dans la rue pour contester la révision constitutionnelle et protester contre la vie chère y a rencontré les tirs à balles réelles de l’armée camerounaise, pilier et bouclier sécuritaires de la bourgeoisie d’Etat au pouvoir depuis 1960. Une justice d’exception a tout de suite vu le jour autour d’une grammaire judicaire lisant et condamnant de façon expéditive les jeunes camerounais. Non seulement plusieurs de ces jeunes camerounais – auxquels le « président-créateur » donnera en partie raison quelques jours plus tard en reconnaissant l’inflation ambiante – n’ont jamais bénéficié de grâce présidentielle, mais aussi les auteurs des près de 500 morts dénombrés par Amnesty International n’ont jamais été jugés par un Cameroun qui considère certainement qu’ils ont tué sans vergogne des centaines de jeunes camerounais au nom de l’intérêt supérieur de l’Etat. Il est révélateur de noter que le pouvoir et son opposition ont presque été au même diapason pour réprimer dans le sang ce mouvement populaire car aucun membre influent de l’opposition camerounaise n’a condamné fermement et sans réserve ces massacres de Camerounais par la bourgeoisie d’Etat.

La sollicitation de la justice camerounaise pour enrober par une lecture tronquée du droit cette répression sanglante de février 2008, n’est pas sans rappeler d’autres moments sanglants à l’université de Yaoundé dans les années 1990. L’armée camerounaise à tué des étudiants avant que, par la suite, la justice du Renouveau National n’intervienne sous forme d’une radiation à vie de plusieurs jeunes camerounais de toutes les universités nationales. D’où un des grands paradoxes qui caractérise la justice du Renouveau National : les ressortissants du bas peuple bénéficient très rarement de la grâce présidentielle. Tous les étudiants actifs au sein du « parlement » et/ou exclus à vie des universités camerounaises n’ont jamais bénéficié de la moindre faveur ou d’une quelconque mesure de réintégration tenant lieu de deuxième chance comme celle dont bénéficient très souvent les membres de la bourgeoisie d’Etat qui pille l’Etat. Le pouvoir de Biya qu’on présentait en 1982 comme l’ère tant attendue des intellectuels s’est finalement concrétisé comme le tombeau du moindre mouvement estudiantin.
4. Les grandes réalisations : le prix à payer pour une justice réparatrice sous forme d’émergence économique du pays en 2035
 
Alors que les populations camerounaises sont sans eau courante, sans électricité et sans soins de santé dignes de ce nom, le gouvernement Biya parle d’émergence économique en 2035. Tout cela ressemble à un médecin qui dit que son malade sera remis sur pieds après l’opération alors qu’il n’a à sa disposition ni bloc opératoire, ni matériels pour opérer et encore moins des médicaments que doit prendre le convalescent. A la répression politique structurelle du Renouveau National depuis 1982, s’ajoutent actuellement la violence symbolique du discours incantatoire sur l’émergence et la violence réelle du délabrement du patrimoine économique des ménages renforcé tant par l’inflation des denrées de premières nécessité que par celle récemment actée du prix des carburants et du gaz domestique. Le discours sur l’émergence véhicule donc un modèle de justice calqué sur la même logique que celle des programmes d’ajustement structurels. Ces programmes misaient sur une justice (re)disctributive de long terme lorsque le rétablissement de grands équilibres macroéconomiques allait créer de l’emploi pour les chômeurs une fois la croissance revenue. C’est cette redistribution des revenus au sein des sociétés africaines via une relance de l’activité économique qui était la clé de la justice réparatrice du mal et de la casse sociales induits par l’ajustement structurel.

L’émergence économique est dans la même logique. Les Camerounais doivent cesser de vivre à court terme en renonçant à l’eau, à l’électricité et aux denrées de premières nécessités. Ils doivent entrer en hibernation et attendre que les investissements en infrastructures lourdes puissent, en 2035, permettre une relance économique via des externalités positives qui induiraient, toutes choses égales par ailleurs, de meilleures conditions de vie pour ceux d’entre eux qui seront encore en vie. Il est cependant important de noter d’une part que les prévisions de l’ajustement structurel n’ont jamais été réalisées – la croissance est là sans emplois supplémentaires au Cameroun – et, d’autre part, que les populations camerounaises souffrent depuis plus de trente ans des carences provoquées par le Renouveau National.

Au rythme où vont les choses, bénéficier de l’émergence en 2035, forme de justice économique réparatrice, ne semble pouvoir se mériter qu’au prix du renoncement au bien-être présent. Cela ne peut engager que ceux qui y croient car si les promesses des politiques en matière de politique économique n’engagent que ceux qui y croient, l’émergence du Cameroun en 2035 est tout simplement un pur discours de domination politique pour mystifier les simples d’esprits le temps que le Renouveau aille au bout de sa gloire terrestre. A ce rythme le Renouveau National risque léguer au Cameroun une justice qui ressemble à un supplice par le pal d’ici 2035.
5. Pour ne pas conclure : l’héritage d’une justice comme alternance ethnique au pouvoir exécutif
 
Ce qui précède montre que le branle-bas et les grandes actions et soubresauts de la justice camerounaise surgissent uniquement lorsque la bourgeoisie d’Etat se bat soit contre elle-même pour le pouvoir, soit contre une dynamique populaire qui menace les fondements conservateurs dudit pouvoir. En dehors des ces moments phares du combat politique intra-club élitaire au pouvoir, l’institution judiciaire camerounaise reste banale et engluée dans ses carences quotidiennes sans se hisser au service de la société camerounaise par la promotion d’un Etat de droit.

En dehors du peuple dont les dynamiques sont imprévisibles, c’est la bourgeoisie d’Etat qui semble détenir les clés du processus démocratique camerounais. Le problème ici est que Paul Biya et son équipe ne constituent pas une bourgeoisie d’Etat émancipatrice mais une aristocratie qui promeut la figure autoritaire du président-créateur/peuple-créature. La conséquence prévue ou non d’une telle stratégie est de ramener le peuple à son stade infantile car il n’y a rien de plus enfantin que la référence au père (Dieu) et à sa protection : le « créateur » n’a aucun compte à rendre à ses « créatures ! »

En dehors de cela, il y a lieu de remarquer qu’une base associative assez large existe au Cameroun et peut construire la dimension inductive de sa démocratie et de son institution judiciaire. Elle est cependant faible car inféodée au pouvoir parce qu’elle vise très souvent non à devenir un pouvoir autonome, mais à soutenir soit le pouvoir en place, soit à le remplacer par le jeu de la chaise musicale ethnique.

Le système Ahidjo-Biya – qui dans la continuité politique est le même – a au bout du compte eu raison de notre intelligence populaire face à la bourgeoisie d’Etat. Il est en train de réussir à instaurer dans les têtes des Camerounais que la justice républicaine revient à laisser chaque ethnie exercer le pouvoir exécutif pendant un certains temps de telle sorte que la démocratie camerounaise s’abîme de nos jours dans une pensée où la concurrence/l’affrontement ethnique est le régulateur de la société et l’alternance ethnique au pouvoir son baromètre. La figure gagnante ici est celle de victime du système. Les leaders du Nord en profitent dans le système actuel quand plusieurs leaders bamiléké et anglophones structurent aussi leur message politique sur cette même figure. Contrebalancer l’emprise sur nos destins de la bourgeoisie d’Etat au pouvoir y perd beaucoup car le peuple s’affronte contre lui-même via « le paradigme du pays organisateur ».

Le peuple se fissure et l’alternance ethnique au pouvoir devient son idéal de justice. La conséquence en est qu’au lieu de se considérer victimes – comme tous les outsiders – des deux dictatures camerounaises, les anglophones pensent qu’ils en ont le plus souffert parce qu’ils sont anglophones et les Bamiléké qu’ils ont été tués lors de la guerre d’indépendance non parce qu’ils faisaient partie de l’UPC réprimée les colons et leurs relais locaux, mais parce qu’ils étaient Bamiléké. Nous mettons de côté ce qui nous lie – le combat pour la liberté – et insistons sans commune mesure sur ce qui nous particularise. Être moderne c’est justement faire le contraire. L’idée de justice que nous portons en dépend.
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Thierry AMOUGOU, Fondateur et animateur du CRESPOL (Cercle de Réflexions Economiques, Sociales et Politiques)
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