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Source: Le Jour
C’est que Stella Engama n’est pas de la race de ceux qui passent inaperçus. Primo : à 55 ans, elle paraît en avoir 35, tant elle est belle et fraîche. Secundo, elle arbore une coiffure singulière, des cheveux noirs et denses au-dessus de la tête façon afro. Tertio : elle est volubile, ingénieuse et exubérante. S’il le faut, elle entretiendra la conversation toute une journée sans coup férir. Elle vous parlera autant de l’économie, du droit, de la culture que des traditions africaines ou de l’audiovisuel français. La formation à l’Université de Paris II Sorbonne, les activités professionnelles et culturelles d’écrivaine et de journaliste, les nombreux séjours à la Foire aux vins de Strasbourg, au Salon du livre de Paris porte de Versailles, au festival d’Avignon ont façonné une personnalité hybride et accompli un génie touche-à-tout.
Pour être dynamique, Stella Engama l’est effectivement. Promotrice de deux écoles primaires et maternelles de la Fondation Universelle Stella Engama (Fusee), l’une à Mvog Betsi (Yaoundé) et l’autre à Nkolnyada (25 km sur la route d’Okola), elle s’attelle actuellement à la finalisation d’un centre culturel à Yaoundé, au quartier Ngousso : un espace de 2000 m2 doté de 50 chambres, d’une terrasse, de salles de conférences, etc.
On l’a bien vu, tout cela tourne autour de l’éducation et de la culture. Ces deux passions et Stella Engama ne font qu’un. Elle rêvait d’être avocate, comme Ngongo Ottou, mais elle devra enseigner le droit. Mais pas pour longtemps. De même, elle quittera le poste de fondée de pouvoir à T-Bella, le fleuron de l’économie camerounaise, poste occupé entre 1979 et 1982, pour fonder et gérer, en compagnie de son défunt frère architecte, le cabinet Art Déco. Une expérience qu’elle arrêtera en 1989 pour se tourner vers la création de son groupe scolaire. La seule activité à laquelle elle se livre depuis 20 ans bientôt, parallèlement à l’écriture, depuis 15 ans.
La Fondation universelle Stella Engama pour l’éducation (Fusee) fêtera cette année ses 20 ans d’existence. Depuis 1990, le groupe scolaire octroie aux apprenants une formation intégrale, qui mêle l’éducation classique à l’initiation aux arts de vivre et aux cultures traditionnelles : « Les dix meilleurs de la Fondation étaient systématiquement pris en charge pour des colonies de vacances. C’est comme cela que quelques-uns d’entre eux ont pu bénéficier des enseignements de Jean-Baptiste Obama. » C’est probablement cette idée de l’éducation qui a permis à Fusee de bénéficier d’une subvention de la coopération française. En tout cas, c’est avec une fierté réelle que la fille de l’administrateur civil Célestin Engama feuillette les photos des salles de classes bâties récemment grâce à cette subvention. Passionnée de photographie, comme son idole Françoise Giroud qui a écrit son dernier livre en déroulant les centaines de photos, elle passe d’une photo à l’autre, revisite sa vie en se servant de ces clichés : des conférences tenues à Yaoundé aux côtés de Daniel Abwa, Jean-Emmanuel Pondi, Joseph-Marie Essomba, etc.
Dans ses archives, il n’y a pas que des potos, des coupures de presses sont nombreuses : «J’ai écrit plus d’une centaine d’articles dans des journaux paraissant au Cameroun et j’ai figuré au liste sur la liste des 100 personnalités qui font bouger le Cameroun, liste publiée par l’Express en 2001. » |
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On connaît la romancière, avec la fresque historique « Un Siècle d’agonie », dont les deux tomes (Mystère de ma vie (....) et L’univers brisé d’une reine (...) racontent les diverses péripéties de la vie d’une famille Eton au 19ème siècle, la famille de la romancière. « Les Chaînes du droit de cuissage » qui a permis à la féministe de «condamner l’instrumentalisation de la femme par son entourage professionnel et la société en général». On connaît également la poète. « Invente-moi » ; «Paroles intimes » ; « Les délices de l’enfer » ; «Les sentiments que l’on s’aime », etc. En tout 7 recueils de poèmes publiés à ce jour. Mais la dramaturge n’est pas très connue du grand public. La pièce inédite « Pé I Pe Pe » a été mise en scène au Centre culturel panthéon Oyem par deux fois. La dernière main a été mise sur «Omgba Bissogo, roi des Ewondo», une tragédie en trois actes, ainsi que sur «La Trahison du téléphone portable». Last but not the least, on découvrira aussi la théoricienne du sociétisme, doctrine définie dans le manifeste des Amis de la littérature comme « une philosophie, le dernier bastion qui préserve le caractère sacré de l’homme». Vous y avez compris grand-chose ? Tant mieux, car elle précise : « Le rôle que joue un individu au sein du groupe auquel il appartient se manifeste plus concrètement par son action désintéressée que par son amour qu’il porte aux autres. Le sociétiste est donc un ouvrier du cœur, car il met son cœur à l’ouvrage. Il n’attend pas qu’on lui demande de rendre service. Il s’y attelle simplement dès que besoin est, sans condition rémunératrice, rétributrice ou de reconnaissance aucune. »
Si elle n’a pas mis de livre en librairie depuis 2003, Stella Engama continue néanmoins d’écrire : Le testament de René Philombé ; Sagesse et intelligence, neuf contes camerounais ; les sentiments que l’on s’aime ; La trahison du téléphone portable etc. Elle continue d’écrire des correspondances, des éloges funèbres, en tout 15 dont quelques-uns ont été adressés à Eno Belinga, Emmanuel Keki Manyo, René Philombé, Cyrille Effala, Sita Bella...
La fondatrice de la Société des amis de la littérature (Sal) pétille d’initiatives dans la création littéraire. Les plus urgentes étant la biographie croisée de ses maîtres (Eno Belinga, René Philombe et Jean-Baptiste Obama) et la publication de son inédit sur la symbolique du chiffre 9. Vu cette pléthore de casquettes assumées avec la dernière énergie les unes autant que les autres, comment ne pas qualifier de pleine la vie de Stella Engama ? Mais si sa vie est pleine comme un œuf, la mère, la femme n’est guère épanouie. Et le drame qui ronge son cœur remonte à 2006. Un drame qu’aucune mère au monde n’aimerait vivre. |
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«Je lèche mes plaies.», c’est en ces termes que Stella Engama évoque son drame. Un drame qui a pris une tournure fatale le 20 juin 2006 : «C’est ce jour-là qu’Atangana Henri Michel enlevait ma fille Stella Michelle, adolescente âgée de 12 ans et élève en classe de 6ème au collège Jean Tabi et mon fils Nelson âgé seulement de 5 ans».
Aux dires de la mère éplorée, le «bourreau» serait le père des victimes, son ex-mari qui a « confisqué » 12 années de sa vie, en usant de « mensonges et de coups bas» : «Il m’a abusée, menti et déshonorée». Le mensonge, c’est le mariage option monogamie contracté le 1er juillet 1994 avec le magistrat Atangana Henri Michel. Le 3 octobre de la même année, le couple célèbre la naissance de Stella Michelle Atangana. Tout commence plutôt bien, mais la joie sera de courte durée. Stella Engama, qui sort d’un premier divorce avec Jean-Philippe Nguiffo (l’auteur du Rapport Nguiffo sur l’Etat), rentre dans un nouvel engrenage, sans le savoir : «le 20 décembre 1995, une femme m’agresse en me présentant son acte de mariage avec Henri Michel Atangana, acte établi le 15 juin 1993 à Bafoussam. Et de surcroît, les deux sont tous domiciliés à Yaoundé». Stella Engama somme Henri Michel Atangana de faire annuler ce mariage monogamique en violation de l’article 63 de l’ordonnance N°81/02 du 09 juin 1981 et pour protéger ses intérêts par un vrai mariage valide. Ce qu’il promet de faire, sans jamais passer à l’acte. La femme éplorée s’étonne qu’il réagisse plutôt sept ans plus tard, en présentant un acte de divorce avec son épouse Atangana Gertrude prononcé à Garoua, alors que le magistrat est président du Tribunal d’Eséka depuis 1997 : «En octobre 2005, il m’expulse de la maison, en compagnie des enfants. » Le 20 juin 2006 intervient l’enlèvement d’enfants mineurs. La femme sera molestée avec son fils Engama Aimé Césaire par le magistrat et son acolyte : « J’ai écopé d’une IT de 60 jours et mon fils d’une IT de 30 jours. »
Elle intente une action en justice. A la suite de plusieurs renvois, le magistrat invoque l’incompétence ratione loci : «Ce qui est un signe de sa roublardise, car il veut m’obliger à ester à Douala où il a ses entrées au Tribunal en qualité de substitut du procureur près le tribunal de grande instance de Bonanjo.»
Dans ses réquisitions rendues le 11 juin 2009, le procureur de la République près le tribunal de grande instance du Wouri à Douala a demandé de prononcer la nullité du mariage ayant existé entre Atangana Henri Michel et dame Engama Stella Irène et de débouter cette dernière de sa demande en dommages et intérêts comme non justifiée. En dépit de l’adversité et de l’injustice, Stella Engama, tel un roseau, plie sans rompre, espérant un jour revoir ses deux enfants et les serer dans ses bras. Chaque jour qui passe, elle maintient la flamme de l’espoir, en alertant la Commission nationale anticorruption (Conac), le ministère des Affaires sociales (Minas), les services du premier ministre, le ministère de la Promotion de la femme et de la famille, etc. |
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CV
27 février 1955 : Le jour de ma naissance, je suis 4ème d’une fratrie de 16 dont 3 sont aujourd’hui décédés. Aujourd’hui, j’ai 7 enfants et 4 petits-enfants
1973 : J’obtiens le baccalauréat G1 avec mention bien au lycée technique de Yaoundé
1978 : J’obtiens une maîtrise en droit privé.
1983 : J’obtiens le Diplôme d’études approfondies en droit des affaires
1990 : Je crée la Fondation universelle Stella Engama pour l’éducation (Fusse)
1993 : Je publie le premier tome de ma fresque historique « Un siècle d’agonie » sous le titre « Mystère des ma vie »
1998 : Parution du deuxième tome, « L’univers brisé d’une reine »
2003 : Je prends part au salon du livre de Paris porte de Versailles où j’écoule 40 exemplaires du roman « Sous les chaînes du droit de cuissage »
Mes projets : J’en ai plusieurs, mais dans le court terme, je vais célébrer mes 15 ans d’écriture ainsi que les 20 ans de la Fondation universelle Stella Engama pour l’éducation. |
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Impressions - Jean-Claude Awono, confrère : «C’est un génie» |
[ Sa personnalité ]
On peut dire de certaines personnes qu'elles n'ont pas de personnalité. On ne peut pas le dire à l'endroit de Mme Engama, qui s'impose toujours par son caractère impétueux. Mais, son impétuosité n'est pas une "folie" stérile, comme celle qu'on attache aux Eton, puisqu'elle fait partie originellement de cette vaillante communauté de la forêt camerounaise. C'est une dame qui a une énergie puissante qui est alimentée par sa force émotive, ses vastes connaissances intellectuelles et traditionnelles. Son côté mystique est aussi une de ses caractéristiques majeures. Les métaphores les plus violentes peuvent être convoquées pour la décrire (lionne, tempête, séisme, etc.), mais ce sont autant de traits qui montrent que c'est un être qui a réussi à aller au-delà des limites que notre condition d'homme nous impose. C'est un peu comme le volcan de Césaire, symbole de la force vitale essentielle. Je pense que le Cameroun perd beaucoup en ne pas exploitant à sa juste valeur la personnalité d'une telle dame.
[ Ses activités ]
Stella est très diverses dans ses activités. C'est un peu le propre des génies. Cette diversité peut-être une faiblesse comme un force. Pour ce qui est de Mme Engama, je pense qu'elle fait de son mieux pour rendre productives et équilibrées à la fois ses activités littéraires, journalistiques, culturelles, sociales. Son côté politique était très marqué et cohérent il y a quelques années, mais actuellement il est peu lisible. Je suis, pour ma part, très sensible à ses activités culturelles et littéraires. Sur ce plan, je pense que ce qu'elle donne avec ses modestes moyens est immenses, que ce soit le centre culturel qu'elle met en place à Yaoundé, l'encadrement des hommes de lettres et de culture, le suivi des intellectuels et écrivains posthumes, etc. Tout cela montre que pour elle la première motivation d'une actrice sociale dans un pays doit être la générosité, le don de soi dans le désintérêt comme elle le vit et l'énonce tout à la fois dans le "sociétisme ", la théorie de la réinvention humaine qu'elle élabore en ce moment. |
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Impressions - Joseph Vincent Ntuda Ebode, ami : «Je l’admire» |
C’est une élite de la circonscription dont je suis originaire. Elle se distingue par les différentes figures qu’elle présente. C’est une dame juriste, politique, une dame sociable qui a un esprit d’entreprise assez élevé. Son indépendance d’esprit est remarquable et admirable. Vis-à-vis de tout ce qu’elle fait, je suis plutôt porté à l’admiration. A son âge, elle déborde de tant d’énergie qu’on a l’impression qu’elle est compétente dans tout ce qu’elle entreprend. Pour la jeune fille d’aujourd’hui, elle est un modèle. Et je l’admire. |
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Impressions - Noah Sylvestre, ami : « Elle n’est pas à sa place » |
La princesse Stella Engama est une femme au grand cœur, une femme gentille et une intellectuelle active qui aime les choses bien faites. Vous avez certainement lu ses romans, ses poèmes. C’est une femme de culture accomplie. De plus, sur le plan de la tradition, c’est une femme pas comme les autres. Dans notre chefferie supérieure, Mvogt Nama I, tout le monde l’apprécie. Actuellement, elle se bat corps et âme pour qu’on ait une bibliothèque pour la culture et l’éducation de nos enfants de demain. Ecrivaine, fondatrice d’une école, initiatrice d’entreprises culturelles, elle assume tellement de responsabilités en même temps ! Je crois qu’elle n’est pas à sa place. Cette femme active mérite d’être montrée en exemple à tous les jeunes. Tout ce qu’on peut lui souhaiter, c’est de continuer dans cette voie, de continuer à rassembler autour d’elle des jeunes, de les éduquer et de partager avec eux ce qu’elle a appris de sa longue vie de femme dynamique. |
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Source: Le Jour
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Le peuple ekang
 Le peuple ekang se retrouve aujourd’hui au Cameroun, au Gabon, en Guinée Equatoriale, au Congo, à Sao-Tomé et Principe, en Angola et dans la diaspora. « On parle d’environ 12 à 14 millions d’hommes et de femmes unis par une histoire, un parlé différent d’une langue la nuance est nécessaire ici, une cuisine, des us et coutumes qui leur sont propres et les différentient des autres peuples bantou. »
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