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© Maurice Ze
La première question qu’on se poserait serait de savoir d’où les développeurs de solutions pratiques prennent de la motivation pour réussir à se discipliner, car il est certain que sans la discipline, aucun résultat réel ne peut être atteint. En parlant de discipline ici, je voudrais souligner que les gens qui font fonctionner le monde aujourd’hui ont en moyenne 14 heures de travail intense par jour. Même le plus grand génie de cette planète doit investir sérieusement de temps pour arriver à des résultats utiles à la société. La question effrayante mais inévitable pour l’Afrique est alors celle de savoir, si les africains, avec leurs données culturelles et exigences, peuvent réussir à se doter de cette discipline et endurance qu’il faut afin de parler d’une société africaine capable de produire de la technologie. Naturellement qu’il existe des cas africains qui montrent que le continent noir peut effectivement se doter de la technologie produite par elle-même mais d’une manière générale, le dispositif social et traditionnel africain encourage-t-il la création et les innovations ?
Nous ne devons surtout pas oublier que les développeurs de solutions, lorsqu’ils n’ont pas de ressources financières pour tel ou tel projet, investissent généralement 14 heures de travail par jour et sans une grande rémunération et ceci pendant des années. Ils vivent généralement dans ce cas en faisant beaucoup de compromis et en s’abstenant de tout surplus. Est-il donc possible pour un africain d’en faire autant ? Est-il possible pour un africain de travailler 6 ans sur un projet et voire même plus sans un rendement financier ?
C’est impossible pour un africain qui a des exigences familiales, sauf si en Afrique on crée des cadres favorables à la création et au développement des technologies. Il est important de nous poser la question, si nous avons seulement à faire à un problème financier et au manque de ressources. Si je prends référence sur mes propres expériences, je dirais que la réflexion doit aller plus loin parce que les africains ont une perception de la vie qui va contre les innovations technologiques et la création. Je parle ici de tout refus de comprendre que la finalité n’est pas toujours le matériel.
Même comme des exemples concrets existent déjà dans ce continent noir, avec des hommes et des femmes qui se sacrifient gratuitement pour la classe souffrante, les africains dans leur majorité justifient leur existence sur cette planète en matérialisant totalement leur vie. L’obsession de gagner assez d’argent et de vivre « aisé » demeure un problème majeur qui va contre tout effort de création en Afrique.
Un développeur de technologies, un inventeur ou un créateur est d’abord un rêveur qui vit de son esprit libre pour se mettre en œuvre
C’est quelqu'un qui se donne le temps de se faire des fantaisies afin de voir comment le monde peut être organisé autrement au profit des consommateurs. Un inventeur ou un créateur ne conditionne pas son travail par un quelconque succès financier que son travail devrait rapporter. Pour lui, il est question de se mesurer à quelque chose de non palpable et d’inestimable, cette satisfaction qu’on obtient lorsque l’invention est utile au monde. Ce qui joue un rôle important chez un créateur c’est la confirmation d’être capable de rendre l’inimaginable imaginable. Le plus important chez un créateur c’est savoir qu’il en mesure de faire des exploits par son travail en livrant à la société consommatrice des produits utiles.
Avons-nous donc ce cadre qu’il faut pour que les africains ne conditionnent pas la vie par la matérialisation ou des avantages financiers ? Avons-nous suffisamment d’africains prêts à se lancer dans une aventure technologique avec plein de risques de rentabilité ? Il faut le rappeler ici que, développer une technologie est dans la plupart des cas très risquant, car ça peut arriver que l’idée qu’on a mise sur pied ne fonctionne pas ou n’est pas acceptée par les consommateurs.
Pour la question « L’Afrique et son évolution technologique » il faudrait noter ceci : toute grande œuvre demande de la vision, du sacrifice, de la détermination, du savoir-faire et des ressources. Les deux derniers aspects cités ici sont importants mais plus importants encore sont les 3 premiers (vision, sacrifice et détermination) qui constituent selon moi le premier pas vers la réussite.
Lorsque Steve Jobs le penseur et créateur de Apple se mettait au travail pour la toute première fois, il avait une vision et aujourd’hui on ne peut plus se représenter le monde sans Apple (iphone, ipad etc.). C’est la même chose avec Facebook et son créateur Mark Zuckerberg, Bill Gates et Microsoft, Larry Page et Google, tous des blancs.
Toutes ces personnes que je viens de citer ont marqué le monde par leurs réalisations et continuent à dicter les orientations avenir au niveau de la technologie. Ces personnes n’ont pas de vie d’après la conception africaine qui exige un certain comportement social. Il faut noter que les africains trouvent plus important de créer une famille avec des enfants que de se concentrer sur toute chose qui pourra leurs empêcher d’assumer leurs responsabilité familiales. Je vais même jusqu’à dire que pour les africains, il existe un et un seul schéma de vie et chacun devrait le suivre.
Il suffit de ne pas agir ou se comporter comme les autres africains pour qu’on soit directement discriminé dans sa propre société. Pourtant Steve Jobs, Mark Zuckerberg, Bill Gates et Larry Page n’étaient pas discriminés par leur société, bref leurs idées de conquérir le monde par le biais du travail, des innovations et des sacrifices personnels étaient totalement acceptées. En tout cas, on ne va jamais lire quelque part que le père de Bill Gates s’est opposé aux ambitions de son fils contrairement à ce qu’un père africain ferait si son fils à un certain âge ne se marie pas. C’est aussi inimaginable qu’un parent africain aurait financé les ambitions de Bill Gates qui avait abandonné le chemin de l’université pour se replier au garage et travailler sur sa vision.
Il est bien vrai que la vie s’est totalement dégradée dans nos pays africains au profit de la pluralité des chemins choisis par nous mais l’on observe toujours cette manière unique de concevoir la vie : naître, visiter des écoles pour avoir des diplômes, se marier, travailler, avoir absolument d’enfants et mourir.
Les grands intellectuels africains qui se concentrent sur les théories de développement pour l’Afrique ont tendance à oublier que la tradition africaine, la schématisation de la vie par les africains et le refus total de voir la vie plurielle constituent l’une des causes du sous-développement chez-nous. Je le dis ici parce que je suis moi-même victime d’une certaine appréhension de la part des africains, pourtant le monde a besoin des gens qui agissent de travers pour qu’il évolue.
La tolérance, la pluralité des idées et la façon d’être des Hommes sont parfois des aspects sans aucune valeur chez les africains.
Ce que nous constatons aujourd’hui c’est que les africains sont victimes de leur propre tradition car les modèles de vie à l’africaine ne passent plus avec la philosophie d’un monde en pleine évolution. D’une part la nouvelle génération a le souhait de vivre au rythme du monde dicté par l’occident, d’autre part cette même génération est confrontée aux coutumes rigides. N’interprétez pas mal ici mes mots ! Je ne suis pas pour une acceptation totale d’un monde sans limite, mais je trouve bizarre d’accepter l’évolution liée au matériel et aux biens et même temps de rester persuadé que nos coutumes ne doivent pas changer ou s’adapter aux nouvelles donnes mondiales. Je suis souvent étonné lorsque je me fais directement « classé » parce que je ne suis pas présent dans les fêtes qui sont organisées par les camerounais ou d’autres groupes africains. Alors qu’avec un peu de tolérance, les gens comprendront que le temps représente une richesse inestimable et rare pour un développeur de solutions pratiques - pour développer une solution ou un produit consommable, on a généralement besoin d’assez de temps surtout lorsque les ressources manquent. En tant que développeur africain on ne peut plus se permettre de vivre comme les autres : « aller dans les bars ; courir derrière les femmes ou les hommes ; être présent dans toutes les fêtes etc. »
Un développeur a besoin d’une discipline, il est aussi appelé à faire beaucoup de sacrifices. En un mot, le mode de vie des africains n’encourage pas l’évolution technologique en Afrique. Le problème du développement en Afrique commence dans nos maisons et se banalise dans les institutions étatiques.
Nous Africains croyons que les produits comme iphone, ipad, facebook, Windows sont tombés un beau matin du ciel
Il faut observer les africains utiliser les produits tels que iphone, facebook, twitter, skype etc. comme s’ils sont convaincus que le monde africain bat au même rythme que le monde moderne, pourtant c’est totalement faux. Premièrement, nous utilisons des produits pensés par les blancs. Dans un paysage africain où la tradition constitue visiblement une embuscade contre l’évolution technologique, cette utilisation « triviale » et sans conscience des produits pensés ailleurs aboutit automatiquement à un refus de se sacrifier, d’investir du temps pour penser, de créer et d’innover. Deuxièmement, une plateforme comme facebook a un impact pas vraiment positif sur les africains qui oublient ou refusent de créer des solutions ou des réseaux propres à eux, et de les promouvoir aussi. Un exemple qui atteste ce que je dis ici est l’application web « ekang People image » que le Mouvement Nkul Beti a mise sur pied pour que sa clientèle mettent en ligne leurs photos avec un moyen de manipulation très facile. Mais combien sont-ils qui ont inséré leurs photos sur cette page ? Seulement quelques personnes jusqu’à présent. La conséquence immédiate est simple à décrire : à travers nos comportements nous tuons en même temps le potentiel africains car tout développeur de solutions a besoin de voir comment son service et ses produits sont utilisés et consommés, sinon il perd à la longue la motivation de créer.
Pour moi le refus de promouvoir le potentiel africain par nous-mêmes est un problème qui a ses sources au niveau de la culture et de la tradition. C’est vrai que la façon dont nos dirigeants se comportent représente aussi un handicap majeur qui ne fait qu’aggraver certains défauts de nos mentalités, mais qui a dit aux africains qu’une technologie développée par un africain ne peut pas être la meilleure ? Pourquoi un frère ou une sœur ekang n’est pas prêt(e) à utiliser ce que le Mouvement Nkul Beti met à sa disposition ? Sommes-nous ici face à un problème de méfiance ? Ou alors il existe une réalité encore plus amère ? Par exemple le complexe d’infériorité face aux blancs ?
Un appareil comme iphone a pris des années de développement mais les africains croient que Steve Jobs s’est levé et puis tout d’un coup le monde a reçu iphone du ciel. Les africains croient aussi que sans des sacrifices réels, l’Afrique noire va se développer. Excusez-moi d’accuser tout un continent, mais je suis certain, que sont nombreux ceux qui ne savent pas ce qu’on appelle sacrifice. Les blancs se sont sacrifiés pour développer leur société, la chine en fait autant maintenant nous attendons le tour de l’Afrique noire.
Si Steve Jobs avait seulement pensé à lui au départ, s’il avait conditionné son travail par l’obsession de devenir riche ou d’avoir plus d’argent et de matériel, alors je suis convaincu que le monde n’aurait pas iphone et ipad aujourd’hui. Malheureusement dans la conception africaine on n’investit pas à long terme, nous sommes seulement prêts pour des investissements qui rapportent de l’argent dans les brefs délais. C’est une philosophie qui ne donne aucune chance aux innovations, à la mise en œuvre des produits innovants et à leur commercialisation.
Ce problème d’impatience chez les africains a directement ses sources au niveau des responsabilités familiales qui se définissent autrement en Afrique.
Il est important de comprendre le rôle de l’environnement social dans le processus d’acquisition des idées et de leur réalisation
Pendant que le reste du monde se développe, les africains sont confrontés d’abord à résoudre les problèmes les plus importants comme la faim. Ainsi, ils n’ont pas le temps de se faire des fantaisies pour arriver à une phase de créativité. C’est l’une des raisons pour laquelle le « Camerounais » est plus apte à faire du copiage sans entrer en profondeur dans un processus de création ou d’innovation. Les africains sont forcés à livrer des résultats immédiats, des résultats qui leurs permettent d’abord à subvenir aux besoins élémentaires ou à assumer « correctement » leurs devoirs familiaux. Ils ne disposent pas d’une marge de manœuvre pour se lancer dans une aventure qui aboutira à la création. La pression familiale à laquelle ils sont confrontés fait à ce qu’ils perdent en longueur de temps les capacités d’être créatifs. Finalement, à force de se battre contre la pauvreté, à force d’être confrontés aux problèmes de faim chaque jour, les africains tombent de plus en plus dans un monde où l’imaginable ne joue aucun rôle.
Une société qui ne connaît pas l’imaginable ne peut pas faire de grandes réalisations ou de grandes innovations. Si nous ne sommes pas en mesure de rêver, de se représenter des choses toutes nouvelles, il est impossible de comprendre le monde des grandes réussites. Dans ce cas Iphone, ipad, facebook, Windows et suit deviennent alors un mystère…
Le rôle de l’environnement social est très important pour un inventeur, créateur ou un développeur de solutions pratiques car un cadre social qui a trop de contraintes n’encourage pas les hommes et les femmes à s’émanciper professionnellement. L’Afrique a besoin des dispositifs pour protéger ceux ou celles qui aimeraient se lancer dans une aventure technologique (création et innovation). Pour cela il faudrait revoir l’environnement social surtout réduire les responsabilités d’un africain face à sa famille. Trop de responsabilités apportent un stress quotidien qui influence négativement l’esprit de ceux ou celles qui souhaiteraient créer ou innover. Notre devoir est donc de mettre sur pied un environnement favorable aux innovations et au développement des technologies.
Pour promouvoir la production des technologies, il faudrait par exemple libérer les africains qui ont de grandes ambitions de leurs exigences familiales. Pour ce groupe d’africains, le modèle familial doit se rétrécir car c’est impossible de nourrir une grande famille africaine et en même temps vouloir innover au niveau des technologies et des produits. Les deux buts ne passent pas ensemble, sauf si on est financièrement ou matériellement solide. Assez d’obligations familiales pour un développeur ou créateur africain ! |
En conclusion, les africains doivent commencer à s’émanciper et à comprendre que la vie est plurielle, qu’elle exige de la tolérance. Nous ne devons pas aussi oublier que le monde change parce que certaines personnes se sacrifient pour les autres. L’Afrique ne changera jamais tant que chacun serait seulement prêt à travailler pour ses intérêts et ceux de sa famille. Il est important de voir le problème africain sur une dimension plus rétrécie et individuelle. Et posons-nous finalement la question si nos coutumes et notre mode de vie ne doivent pas évoluer afin de donner une marche d’existence aux innovations et la création des technologies.
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Le peuple ekang
 Le peuple ekang se retrouve aujourd’hui au Cameroun, au Gabon, en Guinée Equatoriale, au Congo, à Sao-Tomé et Principe, en Angola et dans la diaspora. « On parle d’environ 12 à 14 millions d’hommes et de femmes unis par une histoire, un parlé différent d’une langue la nuance est nécessaire ici, une cuisine, des us et coutumes qui leur sont propres et les différentient des autres peuples bantou. »
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